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Posté(e)

Bonjour,

Pour remettre un peu les choses en ordre, voila un extrait d’un article que j’ai préparé sur les pegmatites des monts d’Ambazac.

Le béryl blanc pierreux semble bien avoir été trouvé en quantité assez considérable

La première découverte du béryl en France est relatée dans le journal des mines n°56 de 1801, elle est due au minéralogiste Lelièvre, membre de l’institut national et du conseil des mines. « Celui ci se rendait de Paris à Barèges pour aller en cure, s’étant arrêté avant Limoges sur le bord de la route, il examina un tas de pierres mis là pour la réparer, il y remarqua une substance dure et légèrement verdâtre qu’il soupçonna bien être du béryl, il en ramassa plusieurs morceaux et en envoya au conseil des mines. »

Un peu plus tôt, en 1797 Haüy avait donné à analyser une émeraude de Colombie à Vauquelin qui en extraira la glucine, ancien nom du bérylium. En 1798 ce dernier en analysant quelques hectogramme de béryl envoyé par Patrin établit que l’émeraude et le béryl étaient la même substance, résultats publiés dans le journal des mines n°18, tome VIII p553. Mais il ne parle pas encore de béryl de France. Dans un premier temps c’est donc une légende de dire que le glucinum a été extrait d’un béryl limousin. En 1803 d’ailleur, Patrin, dans son dictionnaire d’histoire naturel, nous éclaire un peu. Il explique que c’est lui qui a envoyé en 1798 une livre d’aigue-marine à Vauquelin, et c’est seulement en 1801 que celui-ci analysa les béryls envoyés par le Lièvre. Version confirmée en 1810 par Vauquelin dans les annales du MNHN T15, p9.

Néanmoins la découverte du béryl en Limousin pourrait remonter à 30 ans plus tôt. En effet il faut savoir que jusqu’en 1777 la route de Paris à Limoges ne passait pas par Chanteloube mais par Compreignac. Ce n’est qu’à partir de 1757 que des travaux furent entrepris pour la faire traverser les monts d’Ambazac en ligne droite par le col de Razés. A cette occasion plusieurs carières furent ouvertes sur les flans des collines bordant la route. Or aux archives départementales de la Haute Vienne figure un document daté de 1809 de M. Deville ingénieur des ponts et chaussées que je cite avec plaisir « Des pavés de Morterol à la fin de ceux de bessines partie de cotes très rapide mais facile à entretenir avec le caillou des Guérets. Du pont de Bessines au pont de Razés partie dans des cotes entretenu avec du caillou de carrière lequel est une espèce de silex susceptible d’être poli, examiné il y a 40 ans par M. Desmarais naturaliste célèbre et par M. Turgot alors intendant du limousin, caillou métamorphosé en l’an X en précieuse émeraude par le moderne savant Hazinfrats, membre de l’institut qui a déraisonné à plaisir sur cette brillante découverte, laquelle ne vaut pas les chataignes que ce canton là produit ». Ainsi donc le fameux Desmarais après être passé à coté du kaolin en 1765 avait aussi raté le béryl vers 1769. En tout cas cet ingénieur Déville avait l’air d’avoir une dent contre les savants parisiens.

Le béryl semble avoir été trouvé en quantité considérable pour pouvoir paver les routes avec. Le Lièvre indique en 1801, sans doute en exagérant, des collines entières.

Les carrières de Chanteloube étaient donc en exploitation pour l’empierrement bien avant 1801. Néanmoins les différents savants de l’époque ne citent toujours qu’un seul endroit pour la découverte du béryl. Brongniart en 1807 : « le large filon de quartz à l’orient de la route de Paris ». Brochant de Villier en 1808 : « les émeraudes se rencontre dans le filon de quartz ». Lucas en 1813 détaille plus, il précise « la pente septentrionale de la colline qui domine le ruisseau de Barat », en fait le Barrot. Alluaud qui y a beaucoup prospecté, cite en 1812 : « le revers septentrional du plateau de Chanteloube, entre la route de Paris et le ruisseau de Barot ». Toutes ces descriptions conduisent vers la carrière de la Vilatte haute. C’est donc elle qui à fourni les premiers béryls français et non la Vilatte basse. C’est bien normal, les carrières, on l’a vu, furent ouvertes pour l’empierrement. Pourquoi donc les anciens auraient ils été creuser en profondeur sur un terrain plat comme à la Vilatte basse, alors qu’ils pouvaient exploiter beaucoup plus facilement la Vilatte haute située à flan de colline. Les pierres n’avait plus qu’a être descendues vers la route. Cela entraine que le site type de la triplite, trouvée dans le même filon que celui qui renferme les émeraudes, pour citer Alluaud qui en est le decouvreur est bien la Vilatte haute et non la Vilatte basse qui ne sera mis en exploitation que quelques temps plus tard en 1814 par Bertrand Villain pour le feldspath

Quand aux Boucles d’oreille en aigue marine de Chanteloube elle furent offertes par Alluaud à la contesse de Nemours lors de son passage à Limoges en 1845.

A bientôt.

Posté(e)

Bonsoir à tous !

Et puisqu'il y en a que ce post "branchent fort", une petite série pour la soirée (quand vous en aurez marre, dites moi d'arreter).

Tout d'abord un petit clin d'oeil à notre ami "Monsieur Lucette"

post-2932-1201111366_thumb.jpg

post-2932-1201111373_thumb.jpg

ça, c'est le recto de la pièce où on peut voir de nombreux petits points d'or.

post-2932-1201111378_thumb.jpg

Et ça, c'est le verso avec la stibine.

Posté(e)

Encore quelques petites .......

post-2932-1201115030_thumb.jpg

post-2932-1201115038_thumb.jpg

Un petit beryl du Limousin (que j'avais déjà posté dans les post pegmatites) mais, cette fois, avec son étiquette.

Encore une fois, on voit que, dans le passé, le nom "emeraude" s'appliquait au beryl commun, et pas aux gemmes vertes comme aujourd'hui.

Posté(e)

A propos de pièces anciennes et très rares, quelqu'un a-t-il déjà vu du rutile sur quartz en provenance de Gourdon?? (à côté de Montceau-les-Mines, 71)

J'ai trouvé la trace de cette occurence dans de vieux ouvrages de 1850 et il y en a manifestement eu dans quelques collections mais je n'en ai jamais vu...

A+!

MD.

Posté(e)

Voici le texte qui m'a mis la puce à l'oreille:

"Le Champ-Dubos, où les amateurs vont rechercher le titane oxydé qu'on trouve à la surface du sol surtout après une dénudation pluviale, dépend du hameau de Montbretange, commune de Gourdon, il est situé au N magnétique de l'église au milieu d'une bande schisteuse gneissique dont la direction est S-O N-E et sur laquelle se trouve également le village de Villeneuve. Les couleurs dominantes des roches de cette bande, souvent injectée de nombreux noyaux et filons de quartz et de pegmatite, sont le gris bleuâtre et le gris argental mais dans la partie supérieure du champ à titane le mica de ces roches prend dans la direction du N vrai et sur une étendue de plusieurs centaines de mètres, une couleur jaune dorée qui se communique au sol, et que j'ai naturellement été porté à regarder comme le résultat d'influences titanifères.

Ce n'est pas sans peine que je suis parvenu à bien constater le véritable gisement de titane de Gourdon et à reconnaître que c'était aussi le quartz qui lui servait de gangue; la cause de son isolement habituel dans cette localité tient à ce qu'en surgissant le quartz s'est mélangé avec une partie des éléments micacés du sol qui y déterminent une multitude de faux joints: or, comme les noyaux de titane se sont précisément formés vers les points où le mica était le plus abondant, celui-ci, toujours doré comme dans la partie du terrain qui vient d'être signalée, forme des espèces d'enveloppes qui isolent le titane du quartz: un simple choc du marteau ou de la charrue suffit pour diviser la masse, et c'est alors que le minéral s'en détache. Ce titane est quelquefois tellement lié au mica que les lames de l'un semblent n'être que la prolongation et la transformation de celles de l'autre: aussi n'offre t-il que très rarement des formes prismatiques bien arrêtées et se présente t-il presque toujours en masse amorphe" (extrait du Bulletin de la Société Géologique de France - 1846)

Posté(e)
A propos de pièces anciennes et très rares, quelqu'un a-t-il déjà vu du rutile sur quartz en provenance de Gourdon?? (à côté de Montceau-les-Mines, 71)

Bonjour,

Lacroix cite effectivement le site dans ses bouquins. D'apres lui, le rutile se trouve dans toute une bande gneiss orientée SO-NE, mais c'est à Gourdon qu'il est le plus abondant et surtout le plus gros.

Il cite des fragmants de 4 cm qui, pour lui sont les plus gros trouvés en France. (As-tu le Lacroix ?)

Je m'y suis arrété une fois en descendant d'Autun mais je n'ai pas vu grand chose. On voit effectivement des blocs de schiste avec quartz en bordure de route (la route doit couper la bande de schistes) mais pas de rutile. Mais il n'y a plus guère de champs cultivés, certainement beaucoup moins qu'au 19ème siècle, et je n'y suis probablement pas resté suffisamment longtemps.

Il faudrait rencontrer les anciens du village pour savoir s'ils ont déjà vu quelque chose qui ressemble à du rutile.

Mais si jamais tu en trouves, tiens nous au courant.

Faut pas croire, mais en discutant avec les paysans on peut apprendre plein de choses. Il y a de ça un certain nombre d'années, j'avais appris par un cultivateur qu'il trouvait dans ses champs des pierres creuses. J'y suis passé, et il m'a emmené dans un champ de maïs où, à même le sol, on voyait des "boules", pouvant faire jusqu'à 20 cm de diamètre. En les cassant, ces boules étaient des géodes de quartz légèrement hématoïde, très jolies.

Il en avait plein sa grange car personne ne connaissait le gisement (nord de l'Allier).

J'en joins une en photo............la seule que j'ai gardé d'ailleurs. Je n'y suis jamais retourné.

post-2932-1201250861_thumb.jpg

Taille de la géode : 8 x 6 cm

@+

Posté(e)

J'ai eut un peu la même histoire à Vergt en Dordogne ; un cultivateur (frère d'un ami) de fraisiers se plaignait de trouver dans ces champs des boules irégulières dures remontées en retournant le terrain (calcaire en sous-sol). Il y en avaient quelques-unes près de sa maison ; c'étaient en fait des géodes irrégulières de petits quartz sympas. Il y en avait effectivement plein dans ses champs !

A l'époque (dans les années 1970) , je m'intéressais moins aux minéraux et n'en ai ramené qu'un échantillon !

Il doit toujouirs être quelquepart dans mes cartons ! Si je le retrouve, je ferais une photo.

Je pense que les champs doivent toujours en contenir !

le sablais :sourire:

Posté(e)

Bonjour Alain,

Merci pour ton récit! Malheureusement, je n'ai pas le Lacroix et il me fait d'ailleurs souvent défaut quand j'ai envie de me renseigner sur la minéralogie peu connue d'une région précise...

Pour Gourdon, si j'ai l'occasion de passer à proximité, je ferais eventuellement un détour mais j'ai peur de faire également chou blanc!

A bientôt!

MD.

Bonjour,

Lacroix cite effectivement le site dans ses bouquins. D'apres lui, le rutile se trouve dans toute une bande gneiss orientée SO-NE, mais c'est à Gourdon qu'il est le plus abondant et surtout le plus gros.

Il cite des fragmants de 4 cm qui, pour lui sont les plus gros trouvés en France. (As-tu le Lacroix ?)

Je m'y suis arrété une fois en descendant d'Autun mais je n'ai pas vu grand chose. On voit effectivement des blocs de schiste avec quartz en bordure de route (la route doit couper la bande de schistes) mais pas de rutile. Mais il n'y a plus guère de champs cultivés, certainement beaucoup moins qu'au 19ème siècle, et je n'y suis probablement pas resté suffisamment longtemps.

Il faudrait rencontrer les anciens du village pour savoir s'ils ont déjà vu quelque chose qui ressemble à du rutile.

Mais si jamais tu en trouves, tiens nous au courant.

Invité c. des pyrénées
Posté(e)

Moi- aussi, j'ai une histoire de cristaux de rutile: Dans la région Auvergne , lors de l'exploitation de Kaolin en carrière etaient rejetées dans les stériles des rutiles maclés en fer de lance allant jusqu'à 10 cm. cette histoire est vraie mais la personne me l'ayant contée ne m'a pas précisée l'endroit. cela date d' une trentaine d'années voire une quarantaine .Alain, si tu en as entendu parler, tu peux répondre où si tu as, mieux poster une photo. Comme les autres, ce post est remarquable.

ciao A+

Posté(e)
Moi- aussi, j'ai une histoire de cristaux de rutile: Dans la région Auvergne , lors de l'exploitation de Kaolin en carrière etaient rejetées dans les stériles des rutiles maclés en fer de lance allant jusqu'à 10 cm. cette histoire est vraie mais la personne me l'ayant contée ne m'a pas précisée l'endroit. cela date d' une trentaine d'années voire une quarantaine .Alain, si tu en as entendu parler, tu peux répondre où si tu as, mieux poster une photo. Comme les autres, ce post est remarquable.

ciao A+

Alors là !

Je n'en crois pas mes oreilles, car s'il exise quelque part en Auvergne des rutiles de 10 cm !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Malheureusement, je n'en ai jamais entendu parler. Surtout que la seule exploitation de kaolin que je connaisse en Auvergne est celle des Montmins, où je n'ai jamais vu de rutile, même tou petit.

A moins qu'il ne s'agisse d'une exploitation du Limousin (genre St Yryeix).

Dans ces cas là, il faut vraiment tout faire pour retrouver la personne et savoir d'où les cristaux provenaient .....on ira fouiller les stériles !!!!

Amitiés

Alain

Invité c. des pyrénées
Posté(e)

il faut peut-être elargir les recherches au Limousin où à l'ouest de l'Auvergne.Peut-être Corrèze ou Creuse: Montébras par exemple.J'ai juste fait part d'une info que j'avais en tête.La personne qui m'en avait parlé à arrêté la minéralogie depuis 20 ans et elle habite loin d'ici.Ceci dit , j'en ai d'autres au cas où.

A+

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