Enigme d' un lit silicifié avec végétaux du "stephanien" entre lignite et schiste ( 11 )

[alex.tre]

En prospection dans un petit bassin houiller de l'Aude je suis tombé sur cette curiosité pour moi.

Ce phénomène semble très localisé car je n'ai observé qu'un seul cas sur un grand nombre de lentilles de lignite.

Donc sur une lentille d'un mètre environ , un lit silicifié ( raye le verre) pas plus épais d'une dizaine de cm lui aussi recouvert d'un amas schisteux

Ce lit comporte d'assez nombreux végétaux: branches, feuilles... extrêmement cassant, marbré , de couleur beige verdâtre, les végétaux le sont tout autant mais recouverts d'un joli noir  !

Connaissez vous ? une explication peut être ? 

maintenant place aux photos plus parlantes peut être

 

 

avec parfois une bonne surprise

[ROUKINOU]

 

 

Bonjour

Si la découverte est à cet endroit là.. Peut-être que cet article peut apporter des réponses

 

"Bassin houiller de Durban-Corbières ( Aude)

 

Des lits végétaux du Carbonifère supérieur poussent dans un bassin houiller le long de la rivière Berre, près de Corbières. Les lits, de bas en haut, comprennent des conglomérats rouges avec des éléments de schiste ordovicien, des schistes arkosiques et des argillites, des schistes sableux, des conglomérats, des arkose-grès et un deuxième lit de conglomérat rouge avec des éléments ordoviciens recouvrant de manière non conforme la série ci-dessous. Cette séquence recouvre de manière non conforme les schistes ordoviciens sans aucune preuve de lits représentant des dépôts gotlandiens-dinantiens. Les lits s’épaississent rapidement du nord-est au sud-ouest et sont recouverts de manière non conforme par les dolomites Muschelkalk du Trias moyen qui sont à leur tour recouvertes par les marnes Keuper du Trias supérieur. La discordance du Mésozoïque sur le Carbonifère et la similitude entre les lits supérieurs et inférieurs du bassin suggèrent que les lits carbonifères représentent un pli renversé vers le sud et érodé avant le dépôt du Trias. Les restes de plantes récoltés dans les schistes sablonneux suggèrent un âge stéphanien. Sphenopteris et Pecopteris sont parmi les genres importants représentés."

bien à vous

 

[alex.tre]

Merci pour ces précisions, c'est bien dans cette zone...

ce qui m'interpelle c'est particulièrement ce lit de ce que j'appelle  "silice" dans lequel sont présents les végétaux . Après, ce n'est peut être qu'une variante sans importance mais je suis intrigué

[ROUKINOU]

Là, je ne peux  pas apporter des éléments supplémentaires .. Mes connaissances sont largement insuffisantes

Bien à vous 

[phoscorite]

Il y a 16 heures, alex.tre a dit :

ce qui m'interpelle c'est particulièrement ce lit de ce que j'appelle  "silice" dans lequel sont présents les végétaux . Après, ce n'est peut être qu'une

Hello

Dans les Corbières, beaucoup de formations qui se sont retrouvées sous les nappes et sous leur semelle de Trias ont subi des silicifications un peu erratiques.

C'est le cas au Tistoulet, par exemple, dans le Viséen. Il faut y retravailler, je suis très loin d'avoir les idées claires la dessus, mais on peut penser qu'il s'agit d'un phénomène régional de silicification en milieu continental pendant une période d'émersion, éventuellement accompagnée de karstifications.

Dans ton cas, le niveau silicifié peut très bien être un grès, au départ. Le cas le mieux connu de silicification, c'est le sable de Fontainebleau....

[alex.tre]

Merci Daniel, je pars donc sur une silicification postérieure de grés fins que l'on trouve d'ailleurs à quelques mètres de cette découverte

[phoscorite]

En fait, la silicification est un phénomène trop fréquent pour être facile à cadrer, à la fois du point de vue du mécanisme (d’où vient la silice) et de l'age.

Les sources habituelles d'un excès de Si en solution sont :

- la dissolution d'une forme moins cristalline de SiO2 que le quartz (radiolaires, opales, cristobalite....)

- la dissolution des verres volcaniques (acides comme basiques) ou des minéraux instables qui s'y trouvent

- la dissolution (argilisation) des feldspaths détritiques par les eaux de surface.

Ça c'est ce qui peut se passer près de la surface. Si on regarde un peu plus bas, on a aussi :

- la pression-dissolution (du quartz) dans l'enfouissement

- la reconversion, dans l'enfouissement, d'argiles immatures riches en Si (smectites) en argiles plus alumineuses (illite + chlorite)

- la chute de température des fluides qui remontent (la solubilité de SiO2 augmente avec la température)

Il y en a certainement beaucoup d'autres (mélanges de fluides)...

J'aimerais bien comprendre, par exemple, quel rôle peuvent jouer le sel et/ou les sulfates (des évaporites) dans cette histoire.

Ça fait quand même beaucoup de possibilités, de scenarii différents, et de risques de superpositions de phénomènes particulièrement dans les Corbières Orientales ou l'histoire géologique n'est pas plus simple qu'ailleurs.