Eclatdesilex Posté(e) 23 janvier 2023 Signaler Posté(e) 23 janvier 2023 Bonjour à tous, Étant sur ce forum depuis quelques années je me suis aperçu d'un sujet relativement peu discuté, bien qu'ayant fourni une faune variée, notamment de requins, et possédant une histoire intéressante : les gisements de phosphates de Picardie. Tout le monde connais les gisements de phosphates du Maroc qui livrent en quantité dents de requins, mosasaures, tortues,... Cependant nous avons aussi dans le Bassin parisien des gisements de phosphates du Crétacé, qui en leur temps ont considérablement enrichi ce qui était de petits villages, et qui livrent encore aujourd'hui de beau fossiles. Les principaux sites ont été exploités dans l'Oise, avec les gisements d'Hanvoile et de de Hardivilliers, et dans la Somme, avec entre autre Beauval, Nurlu et Hallencourt. Cette manne a créé une éphémère "ruée vers les phosphates" durant la deuxième moitié du XIXeme . Les phosphates été avant tout exploités pour servir d'engrais pour l'agriculture. Mais ces exploitations ont pour la plupart cessé au début du XXeme. Les gisements de la craie picarde se sont formés pour la majorité durant la fin du Santonien et le début du Campanien, au Crétacé supérieur. Ici, le phosphate se présente sous la forme de petits granules beiges disséminés dans la craie blanche. Ces petits granules résultent de la précipitation de phosphate de calcium (apatite) autour de petits grains grâces à l'action des bactéries. Les granules d'apatite se sont déposés dans des chenaux sous-marins où ils se sont concentrés. Lors des phases d'érosion de l'eau s'est infiltrée dans la craie et l'a par endroit dissoute, laissant des poches de sables phosphatés. C'est sables sont les premiers à avoir été exploités et pouvaient présenter une teneur de plus de 60% en phosphates. Les fossiles sont très fréquents dans ces craies phosphatées, voire abondants! Néanmoins aujourd'hui beaucoup de sites sont impossibles d'accès. Ce sujet est donc l'occasion de faire un panorama de la paléontologie de ces gisements. Les fossiles que je présenteraient proviennent de sorties personnelles à la fois dans l’Oise et la Somme. Je commencerai par le requin "star" de ces phosphates, le Squalicorax kaupi. Il s'agit surement du requin le plus courant. Certains tamis effectués dans des poches de sables peuvent livrer plus d'une dizaine de dents. Citer
Alexminéral Posté(e) 23 janvier 2023 Signaler Posté(e) 23 janvier 2023 Excellent,continue à nous mettre des photos Citer
elasmo Posté(e) 23 janvier 2023 Signaler Posté(e) 23 janvier 2023 Bonjour Excellente idée que d'ouvrir un tel sujet. Personnellement j'ai pu fouiller quelques fois dans un de ces sites aujourd'hui fermé (reconverti il y a quelques années en stand de tir à balles). Ce site présentait au moins deux niveaux distincts : A = la partie inférieure, une craie partiellement indurée, et très riche en vertébrés marins (requins, raies, poissons osseux) mais aussi quelques invertébrés parmi lesquels, des Bélemnites, des Céphalopodes (fragmentaires), des échinodermes (oursins et comatules), des moules interne de bivalves et rares gastéropodes, quelques brachiopodes, etc... B = Partie supérieure, essentiellement constituée par un sables phosphatés, constitué de pellets, ou l'on trouvait à 95 % des Squalicorax (d'où le fait que certains l'ont appelé la couche à Corax !), mis à part les Squalicorax, on pouvait récolter quelques autres petits Lamniformes, des vertèbres de poissons osseux, et de rares restes d'invertébrés marins. La micro faune de vertébrés marins à d'ailleurs fait l'objet d'une publication par Guiniot et al, 2013, disponible sur sa page Researchgate https://www.researchgate.net/publication/257816021_Sharks_Elasmobranchii_Euselachii_from_the_Late_Cretaceous_of_France_and_the_UK J'ai encore pas mal de sédiment à trier de ces sites, dont la micro faune est assez jolie et de qualité proche des phosphates Nord Africain. Je vais mettre quelques photos des deux niveaux Niveau inférieur Niveau supérieur Citer
Eclatdesilex Posté(e) 23 janvier 2023 Auteur Signaler Posté(e) 23 janvier 2023 Bonjour Elasmo, Merci pour votre participation à ce sujet ! Je pense bien voir de quelle carrière vous parlez, pour l'avoir fréquentée assez récemment. Je n'y avais encore jamais vu d'echinocorys dans cette couche. Mais effectivement le squalicorax y pullule ! Il est vrai qu'une partie de la carrière est aujourd'hui un stand de tir, a éviter absolument quoique rarement fréquenté, mais la partie intéressante sert aujourd'hui de dépôt d'ordures vertes à la commune. Citer
elasmo Posté(e) 23 janvier 2023 Signaler Posté(e) 23 janvier 2023 Quelques autres Echinochorys ramassé par une tierce personne dans la couche supérieure, pour une fois ce ne sont pas des moules internes, mais bien des tests bien propre. Concernant les dents, je n'ai pas encore fait de photographies sur ce gisement, mais j'ai déjà fait un gros classement, comme l'on peux s'y attendre, la majorité des dents présentent des usures, cassures, une petite partie est bien complète et présente de suffisante caractéristiques pour être conservés comme spécimens de référence, mais attention toutefois à ne pas écarter trop vite des dents imparfaites, car il arrive que l'on ai de belles surprises, dents tératologiques (pathologiques). Citer
elasmo Posté(e) 23 janvier 2023 Signaler Posté(e) 23 janvier 2023 Concernant les publications, voir du coté des anciens auteurs : PRIEM Ferdinand., 1896, Sur les Poissons de la craie phosphatée des environs de Péronne. Extrait du Bulletin de la Société Géologique de France. 3ème série, T. XXIV, page 9, année 1896. Malheureusement entre la publication en 1896 et 1918 il y a eu un sacré chamboulement, le secteur ayant été totalement remanié par les bombardements de la première guerre mondiale. Péronne étant un fort qui à été abondement bombardé par les forces allemandes; en 2005 j'avais tenté d'y faire des prospections, sans aucuns résultats. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Somme LERICHE (M.), 1929, Les Poissons du Crétacé marin de la Belgique et du Limbourg Hollandais. Bull. Soc. Belge géologique, Palé. Hydr. T. XXXVII, p. 199-299. Citer
PK67 bis Posté(e) 23 janvier 2023 Signaler Posté(e) 23 janvier 2023 Superbe ... pour peu qu'aucune interdiction n'empêche les professionnel et les amateurs de creuser sans excès ! OUPS --- j'ai oublié le "S" à "professionnel". Citer
elasmo Posté(e) 23 janvier 2023 Signaler Posté(e) 23 janvier 2023 Sur ce site, on trouve beaucoup de ce genre de petites choses, (éléments de l'appareil masticateur chez les oursins, que l'on nomme communément, la lanterne d'Aristote) Citer
elasmo Posté(e) 23 janvier 2023 Signaler Posté(e) 23 janvier 2023 Quelques résultats de tamis, montrant la grande concentration en dents de requins Citer
Yvan35 Posté(e) 23 janvier 2023 Signaler Posté(e) 23 janvier 2023 Il y a 4 heures, Eclatdesilex a dit : Bonjour à tous, Étant sur ce forum depuis quelques années je me suis aperçu d'un sujet relativement peu discuté, bien qu'ayant fourni une faune variée, notamment de requin, et possédant une histoire intéressante : les gisements de phosphates de Picardie. Tout le monde connais les gisements de phosphates du Maroc qui livrent en quantité dents de requins, mosasaures, tortues,... Cependant nous avons aussi dans le Bassin parisien des gisements de phosphates du Crétacé, qui en leur temps ont considérablement enrichi ce qui était de petits villages, et qui livrent encore aujourd'hui de beau fossiles. Les principaux sites ont été exploités dans l'Oise, avec les gisements d'Hanvoile et de de Hardivilliers, et dans la Somme, avec entre autre Beauval, Nurlu et Hallencourt. Cette manne a créé une éphémère "ruée vers les phosphates" durant la deuxième moitié du XIXeme . Les phosphates été avant tout exploités pour servir d'engrais pour l'agriculture. Mais ces exploitations ont pour la plupart cessé au début du XXeme. Les gisements de la craie picarde se sont formés pour la majorité durant la fin du Santonien et le début du Campanien, au Crétacé supérieur. Ici, le phosphate se présente sous la forme de petits granules beiges disséminés dans la craie blanche. Ces petits granules résultent de la précipitation de phosphate de calcium (apatite) autour de petits grains grâces à l'action des bactéries. Les granules d'apatite se sont déposés dans des chenaux sous-marins où ils se sont concentrés. Lors des phases d'érosion de l'eau s'est infiltrée dans la craie et l'a par endroit dissoute, laissant des poches de sables phosphatés. C'est sables sont les premiers à avoir été exploités et pouvaient présenter une teneur de plus de 60% en phosphates. Les fossiles sont très fréquents dans ces craies phosphatées, voire abondants! Néanmoins aujourd'hui beaucoup de sites sont impossibles d'accès. Ce sujet est donc l'occasion de faire un panorama de la paléontologie de ces gisement. Les fossiles que je présenteraient proviennent de sorties personnelles à la fois dans l’Oise et la Somme. Je commencerai par le requin "star" de ces phosphates, le Squalicorax kaupi. Il s'agit surement du requin le plus courant. Certains tamis effectués dans des poches de sables peuvent livrer plus d'une dizaine de dents. Il y a 4 heures, elasmo a dit : Bonjour Excellente idée que d'ouvrir un tel sujet. Personnellement j'ai pu fouiller quelques fois dans un de ces sites aujourd'hui fermé (reconverti il y a quelques années en stand de tir à balles). Ce site présentait au moins deux niveaux distincts : A = la partie inférieure, une craie partiellement indurée, et très riche en vertébrés marins (requins, raies, poissons osseux) mais aussi quelques invertébrés parmi lesquels, des Bélemnites, des Céphalopodes (fragmentaires), des échinodermes (oursins et comatules), des moules interne de bivalves et rares gastéropodes, quelques brachiopodes, etc... B = Partie supérieure, essentiellement constituée par un sables phosphatés, constitué de pellets, ou l'on trouvait à 95 % des Squalicorax (d'où le fait que certains l'ont appelé la couche à Corax !), mis à part les Squalicorax, on pouvait récolter quelques autres petits Lamniformes, des vertèbres de poissons osseux, et de rares restes d'invertébrés marins. La micro faune de vertébrés marins à d'ailleurs fait l'objet d'une publication par Guiniot et al, 2013, disponible sur sa page Researchgate https://www.researchgate.net/publication/257816021_Sharks_Elasmobranchii_Euselachii_from_the_Late_Cretaceous_of_France_and_the_UK J'ai encore pas mal de sédiment à trier de ces sites, dont la micro faune est assez jolie et de qualité proche des phosphates Nord Africain. Je vais mettre quelques photos des deux niveaux Bonjour @Eclatdesilexet Jean-François @elasmo, Merci beaucoup pour ce nouveau sujet ! Les photos donnent envie d'en découvrir plus. Vivement la suite. Citer
Pelagornis Posté(e) 23 janvier 2023 Signaler Posté(e) 23 janvier 2023 Merci pour ce sujet fort intéressant, j'ignorais totalement que de tels gisements de phosphates crétacés existaient en France Citer
elasmo Posté(e) 24 janvier 2023 Signaler Posté(e) 24 janvier 2023 Citation phosphates crétacés existaient en France Et aussi en Belgique, où de très nombreux restes de Mosasaures y sont connus, en France, je n'ai pas connaissance de tels restes, hormis sur un site du Maestrichtien dans le secteur de Reims. https://www.naturalsciences.be/sites/default/files/Poster_mosasaures_A3.pdf Mais cela risque de déborder du sujet initial Citer
Eclatdesilex Posté(e) 24 janvier 2023 Auteur Signaler Posté(e) 24 janvier 2023 J'ai à plusieurs reprises lu des papiers faisant mention de fossiles de mosasaures et d'autres reptiles marins dans les phosphates de la Somme, notamment à Hallencourt et à Beauval. Mais le fossile le plus impressionnant dont j'ai entendu parlé a été trouvé a Eclusier-Vaux. Pour ma par je n'ai pour le moment jamais trouver de reptiles, mais la quête continue ! Citer
elasmo Posté(e) 24 janvier 2023 Signaler Posté(e) 24 janvier 2023 Effectivement Nathalie BARDET avait fait quelques publications sur ces faunes Personnellement je n'ai jamais trouvé de restes attribuables à du Mosasaure, ni même dans mes souvenirs à des reptiles marins, mais je me suis limité à un seul gisement, en cherchant bien il est possible de faire de nouvelles découvertes, peux être dans d'anciennes phosphatières aujourd'hui abandonnées ? Citer
Chimera Posté(e) 24 janvier 2023 Signaler Posté(e) 24 janvier 2023 Ils ne sont pas très fréquents en effet et la découverte de Vaux-Exclusier reste exceptionnelle (en France), car les pièces comme pour les requins sont souvent désarticulées. Toutefois avec de la patience on peut en sortir de temps en temps quelques dents. Celle-ci a été trouvée par un ami. En parlant de tératologie, une petite compilation autour de Squalicorax kaupi Citer
Eclatdesilex Posté(e) 24 janvier 2023 Auteur Signaler Posté(e) 24 janvier 2023 Il y a 4 heures, Chimera a dit : Ils ne sont pas très fréquents en effet et la découverte de Vaux-Exclusier reste exceptionnelle (en France), car les pièces comme pour les requins sont souvent désarticulées. Toutefois avec de la patience on peut en sortir de temps en temps quelques dents. Celle-ci a été trouvée par un ami. En parlant de tératologie, une petite compilation autour de Squalicorax kaupi Sympa les mosasaures ! S'agit-t'il de découvertes récentes? Pour ma part je continue dans les requins avec celui qui est pour moi le plus impressionnant, le Cretolamna. La première pièce est la plus belle que j'ai trouvé à ce jour pour cette espèce. la dent fait 3 cm. Citer
Chimera Posté(e) 24 janvier 2023 Signaler Posté(e) 24 janvier 2023 Citation Sympa les mosasaures ! S'agit-t'il de découvertes récentes? Non, découverte il y a une douzaine d'années. Jolies dents de Cretalamna sur bloc, toujours plus sympa côté esthétique. Un autre avec un duo. Citer
jph Posté(e) 24 janvier 2023 Signaler Posté(e) 24 janvier 2023 Excellente idée en effet ce sujet. Merci. Et le matériel en dents de requins est très beau, la couleur est élégante et il y a tout de même des dents très fraîches. En Belgique, dans la région de Mons il y avait aussi des gisements de craies phosphatée qui ont été exploité à grande échelle. Abandonnés en raison de la concurrence des importations mais les réserves restent importantes. Ces gisements étaient très fossilifères. Ils ont livré du mosasaure mais aussi pas mal de requin et d'oursins. https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/Img738-2022-02-28.xml Belle fin de journée, jph Citer
elasmo Posté(e) 24 janvier 2023 Signaler Posté(e) 24 janvier 2023 Un peu plus haut, Crétacé des Ardennes française Citer
Eclatdesilex Posté(e) 25 janvier 2023 Auteur Signaler Posté(e) 25 janvier 2023 Pour continuer la série des élasmobranches, je continuerai avec un animal qu'on voit peu fréquemment dans la craie du Bassin parisien : l'onchopristis (poisson-scie). J'ai pu trouver à deux reprises des dents rostrales, les voici. Elles font environs 1,5 et 2cm. Citer
Chimera Posté(e) 25 janvier 2023 Signaler Posté(e) 25 janvier 2023 Bonjour Eclatdesilex Je ne pense pas que ces dents soient à rattacher au genre Onchopristis qui sont généralement émaillées sur toute la hauteur du crochet, or sur ce type de dent que j'ai trouvé aussi dans la craie, seul le bord du crochet est légèrement émaillée. Cela ressemble un peu à la forme Eutrichurides sagittidens de l'Eocène en plus gros, mais je n'ai pas de nom pour cette espèce. Citer
elasmo Posté(e) 25 janvier 2023 Signaler Posté(e) 25 janvier 2023 Bonjour J'ai un peu de mal à y voir une dent de poisson osseux (Trichiuridae) cela me paraît un peu trop gros, et surtout et l'aspect pas assez lancéolée de la pointe Voir du coté des Sclerohynchidae et Pristidae, avec cette publication The biology of extinct and extant sawfish (Batoidea: Sclerorhynchidae and Pristidae) | SpringerLink Citer
Eclatdesilex Posté(e) 25 janvier 2023 Auteur Signaler Posté(e) 25 janvier 2023 Il y a 1 heure, Chimera a dit : Bonjour Eclatdesilex Je ne pense pas que ces dents soient à rattacher au genre Onchopristis qui sont généralement émaillées sur toute la hauteur du crochet, or sur ce type de dent que j'ai trouvé aussi dans la craie, seul le bord du crochet est légèrement émaillée. Cela ressemble un peu à la forme Eutrichurides sagittidens de l'Eocène en plus gros, mais je n'ai pas de nom pour cette espèce. Bonjour à tous, Je me suis aussi posé des questions quant à l'identification, néanmoins je n'ai pas trouvé de meilleure explication. Je n'ai retrouvé nul par ailleurs le même profile et la présence d'un crochet, et de cette taille. J'ai pensé aux Enchodus, mais ça ne collait pas. il y a 53 minutes, elasmo a dit : Bonjour J'ai un peu de mal à y voir une dent de poisson osseux (Trichiuridae) cela me paraît un peu trop gros, et surtout et l'aspect pas assez lancéolée de la pointe Voir du coté des Sclerohynchidae et Pristidae, avec cette publication The biology of extinct and extant sawfish (Batoidea: Sclerorhynchidae and Pristidae) | SpringerLink Oui, peut être ne s'agit-il pas précisément du genre Onchopristis, mais je pense que les poissons-scie sont les meilleurs candidats. Citer
elasmo Posté(e) 25 janvier 2023 Signaler Posté(e) 25 janvier 2023 Si la dent n'est pas émaillée, il faut chercher du coté des Pristidae, à moins que la dent soit usée et que l'émail soit émoussé ? Citer
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