Le cycle de l'argile

[jedivers]

Bonjour à tous je suis potier amateur et j'aime aller sur le terrain récolter de l'argile. je cherche donc à comprendre le "cycle de l'argile" pour mieux pouvoir en localiser des gisements intéressants (pureté, accessibilité...)

 

Je ne suis pas géologue, mais de ce que j'ai compris l'argile est issu de la dégradation de roches par l'érosion on peut donc le trouver in situ, par exemple dans la montagne, à l'endroit ou la couche est dégradée, alors c'est de l'argile primaire. L'autre possibilité est de trouver de l'argile secondaire celui qui a été déplacé de son site de génération. Je parle de cycle de l'argile par analogie avec le cycle de l'eau, c'est là que mon questionnement commence : Est ce que le déplacement des feuillets d'argile par le vent est important? si oui y aurait il des endroits ou ces feuillets volants s'accumulent et un moyen de trouver ces endroits?

 

Repassons à l'eau il pleut et l'argile est entrainé vers la mer via le réseau hydrographique au cours duquel a certains endroits il se dépose et a d'autre il est charrié if finit par arriver à l'estuaire d'un fleuve et j'imagine sédimente avec les autres matériaux puis comme les autres roches elle finit par être refondue lors de la subduction et redevenir en bout de ligne une roche qui va se dégrader, etc...

 

Est ce que cette description vous paraît pertinente, est ce que j'ai oublié des trucs?

 

Cas pratique : Je vais tous les ans dans le Jura au bord d'un lac karstique (Grand Maclu) qui se vide par un ruisseau dans un autre lac (Ilay). Le lac est tapissé d'une vase blanche (berge blanche sur la photo satellite) que j'ai d'abord prise pour de l'argile mais qui est en fait du limon (reste friable après séchage simple et après cuisson basse température). Un des côtés du lac est constitué d'une falaise dans laquelle il y a une zone d'effondrement sous forme de tas de de cailloux de toutes sections (zone entourée en rouge sur la carte), l'eau y ruisselle, j'ai pu récupérer de l'argile (couleur ocre) mélangée à du sable et du gravier. Ma question est où va l'argile ensuite ? Elle est présente sur la falaise mais pas au niveau du plancher du lac, en tous cas sur la berge en face de la falaise. Est elle charriée sans pouvoir se déposer dans le lac ? Où pourrait elle s'accumuler? Avez vous une idée de pourquoi est ce que le limon blanc reste, lui?

 

https://www.google.com/maps/@46.6247552,5.9085889,16z/data=!5m1!1e4

[phoscorite]

Bonjour

Il va peut-être falloir un peu de temps pour vous répondre, vous avez posé des questions très larges.

A la volée, et en attendant mieux :

- petit préalable : le matériau que vous utilisez et que vous appelez "argile" est la plupart du temps un mélange de minéraux contenant des minéraux argileux (une catégorie de silicates en feuillets) ; pour la roche, et pour que ce soit un peu moins ambigu, les géologues utilisent le terme argilite (mudstone en UK)

- argilite primaire (roche dégradée sur place) evs secondaire (dépôt sédimentaire détritique de granulométrie très fine) : OK

- dans la catégorie "primaire", il y a en particulier des kaolins (argiles blanches) qui se forment par altération de roches feldspathiques et pauvres en Fe

- des dépôts argileux éoliens ?  : il faut chercher, en général c'est un peu plus silteux (avec des grains plus gros)

- le devenir des argilites sédimentaires déposées en mer ? en général, les depots alternent avec des dépots sableux, des carbonates, et le tout est enfoui plus ou moins profondément, mais pas particulierement dans les zones de subduction, et le fait qu'elles finissent par fondre n'est pas la règle : le plus siuvent, après un épiside d'enfouissement, elles sont exhumées par les mouvements tectoniques et de nouveau soumises à l'érosion (c'est aussi du recyclage).

 

 

[jedivers]

Bonjour et merci beaucoup pour votre réponse, et vos éclairages

 

Moi aussi je vais vous répondre rapidement et vous faire part de mes problématiques un peu pèle mèle

 

Concernant les dépots argileux aeriens, vous dites il faut chercher, voulez vous dire en lisant les cartes ou en explorant le terrain?

 

Concernant les cartes, je sais chercher sur infoterre et repérer et suivre les couches avec le mot argile, même si les noms des couches sont parfois un peu cryptiques : "Altérites ferruginisées résiduelles"... et on n'a accès qu'à la couche affleurante.

Sauf quand je tombe sur une notice où il est questions de forages qui ont été faits comme celle de noirmoutier par exemple.

 

http://ficheinfoterre.brgm.fr/Notices/0506N.pdf page 31

 

Une fois sur le terrain, le problème est tout autre, dans les régions planes comme la mienne (pays de la Loire), les accidents de terrain sont rares et donc tout reste enfouis sous la couche de terre végétale.

C'est compliqué de faire des trous de 30 cm un peu partout.

Dans le Jura c'est plus facile, les routes coupent les montagnes et l'argile est visible.

 

Si je reviens à l'aérien vous me dite que souvent les dépots sont silteux ce qui n'arrange pas mes affaires car de mon expérience le plus difficile est de séparer le limon de l'argile car ils ont à peu près la même taille et de ce que j'avais compris c'est surtout la conformation du matériau qui change, l'argile est en feuilles et le limon en boules, ce qui fait que l'argile peut cuire alors que le limon qui reste du petit sable. Autre question l'argile ne vole t'il pas mieux que le limon? Pourquoi se retrouvent ils mélés dans ces dépots?

 

Dans mon cas pratique du Jura j'ai l'impression que l'argile est parti vers la mer et que le limon est moins mobile et reste au fond du lac ou alors il y a bcp moins d'argile que de limon et donc l'un renoie l'autre.

 

Merci pour votre remarque sur l'argile enfouis qui est resurgé et à nouveau soumis à l'érosion je n'avais pas pensé à ce cas !

 

Bonne soirée,

 

Olivier