geopas Posté(e) 18 juillet 2022 Signaler Posté(e) 18 juillet 2022 Bonjour, J'ai un problème de compréhension concernant les notions de zones, sous-zones et horizons (ammonites). N'ayant pas trouvé de définitions précises dans la littérature (mais cela doit exister), je m'adresse à vous. Voici un extrait classique concernant le Toarcien moyen : Mes questions : - quelle est la répartition verticale de Hildoceras bifrons ? - uniquement dans l'horizon à bifrons ? - ou alors cet horizon correspond-il à l'acmé de l'espèce ? - récolte-t-on H. bifrons dans toutes la zone à bifrons ? - dans ce cas, à quoi correspond la sous-zone à bifrons ? La logique m'échappe. Merci d'avance pour vos réponses. Citer
EK80 Posté(e) 18 juillet 2022 Signaler Posté(e) 18 juillet 2022 Bonjour, Plusieurs critères peuvent définir une biozone, l'extension verticale (le temps) mais aussi la distribution horizontale (la géographie), l'association, l'abondance, la concomitance, l'apparition et la disparition d'espèces. Une biozone n'est pas une unité de temps au sens strict. L'horizon à Hildoceras bifrons correspond à l'apparition/disparition de l'espèce ou à son apogée. On ne récolte pas forcément l'espèce qui sert d'index de zone dans tout les horizons. Citer
phoscorite Posté(e) 19 juillet 2022 Signaler Posté(e) 19 juillet 2022 Il y a 10 heures, EK80 a dit : Plusieurs critères peuvent définir une biozone, Est-ce qu'il existe une autorité patentée (comme pour les minéraux) ou une procédure permettant d'harmoniser les définitions et d'éviter les confusions ? Citer
EK80 Posté(e) 19 juillet 2022 Signaler Posté(e) 19 juillet 2022 Les paléontologue harmonisent au mieux mais ils sont confronté à une archive géologique très lacunaire et il faut prendre en compte les conditions paleoenvironnementales différentes, la faune évoluera différemment d'une région à une autre... Citer
geopas Posté(e) 19 juillet 2022 Auteur Signaler Posté(e) 19 juillet 2022 Il y a 11 heures, EK80 a dit : Une biozone n'est pas une unité de temps au sens strict Déjà, merci pour ta réponse. Mon incompréhension venait en partie du fait qu'on "colle" ces biozones sur une échelle absolue de temps (les étages) dans les représentations classiques. Donc, si j'ai bien compris et en schématisant à outrance : - en échantillonnant une coupe je tombe sur une unique H. bifrons => on est dans la zone à bifrons - dans cette coupe, je tombe sur une couche fournissant de nombreux bifrons => on est dans l'horizon à bifrons - au dessus ou au dessous de cet horizon, je trouve quelques bifrons => il faut voir la faune associée pour conclure - je me déplace de 500 km (!), échantillonne une autre coupe, et retrouve l'horizon à bifrons => il n'est pas forcément du même âge que dans la première coupe Citer
EK80 Posté(e) 19 juillet 2022 Signaler Posté(e) 19 juillet 2022 (modifié) Oui t'as bien résumé ! L'horizon c'est l'unité la plus précise, il faut recolter un maximum de matériel y compris l'espèce à extension verticale très courte qui peut le déterminer. Je ne connais pas suffisamment le Toarcien moyen pour le confirmer mais l'espèce H. bifrons se récolte peut-être uniquement dans son horizon, ça serait donc le genre Hildoceras qui indiquerai la zone... Il y a 4 heures, geopas a dit : - je me déplace de 500 km (!), échantillonne une autre coupe, et retrouve l'horizon à bifrons => il n'est pas forcément du même âge que dans la première coupe Pour la distance je pensais plutôt aux différences entre les faunes epicontinentales du nord-ouest et les faunes téthysiennes du sud, pour un même âge tu trouveras une faune différente. Modifié 19 juillet 2022 par EK80 Citer
geopas Posté(e) 19 juillet 2022 Auteur Signaler Posté(e) 19 juillet 2022 il y a 10 minutes, EK80 a dit : l'espèce H. bifrons se récolte peut-être uniquement dans son horizon, Je pense que @icarealcyonpourrait nous donner plus de détails. Citer
phoscorite Posté(e) 19 juillet 2022 Signaler Posté(e) 19 juillet 2022 il y a une heure, EK80 a dit : Les paléontologue harmonisent au mieux mais ils sont confronté à une archive géologique très lacunaire et il faut prendre en compte les conditions paleoenvironnementales différentes, la faune évoluera différemment d'une région à une autre... Merci. Ça me rassure un peu de savoir que c'est un outil qui ne peut être utilisé que si on a un bagage de connaissances suffisamment fourni. Et que les réponses sont rarement carrées.... Un peu comme la géochimie, en fait... Citer
caterpillar Posté(e) 19 juillet 2022 Signaler Posté(e) 19 juillet 2022 La paléontologie est loin d'être une science exacte Citer
EK80 Posté(e) 19 juillet 2022 Signaler Posté(e) 19 juillet 2022 La nomenclature de la zone peut aussi induire en erreur ! A vérifier mais la zone à bifrons à peut-être été nommée au 19ème siècle avant le démantèlement du genre ammonite, zone à "ammonites bifrons" = genre Hildoceras au sens large... Citer
EK80 Posté(e) 19 juillet 2022 Signaler Posté(e) 19 juillet 2022 Méthode utilisée en paléontologie pour la construction d'une biozone https://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/objets/Images/bib-Gould-structure-evolution/biozones-PLS-2004.jpg Citer
icarealcyon Posté(e) 19 juillet 2022 Signaler Posté(e) 19 juillet 2022 Il y a 3 heures, geopas a dit : Je pense que @icarealcyonpourrait nous donner plus de détails Non, pas beaucoup plus, hélas ! En fait, vous avez joliment formulé une question qui m'est souvent venue à l'esprit sur le terrain, mais de manière assez confuse. Dans les Terres grises lozériennes par exemple (le seul que je connaisse suffisamment) les horizons du Toarcien tels qu'arrêtés par Jolly, Rulleau et Lacroix dans leurs différents travaux ne peuvent pas facilement s'appliquer dans leur intégralité, certaines ammonites-index étant difficiles à identifier de manière aisée (surtout avec la faune nanifiée des Causses), ou bien très rares, voire absentes des horizons où elles seraient sensées se trouver. En échange, il y a d'autres espèces, plus endémiques et c'est davantage la connaissance de ces assemblages fauniques à un niveau donné qui me permet de me situer dans le temps de manière assez fine. Pour moi (d'expérience donc), on est susceptible de trouver des H Bifrons dans toute la hauteur de la zone à bifrons, mais un niveau de quelques mètres fournit de plus nombreux individus qui montrent une morphologie moyenne (=acmé de l'espèce H bifrons ?). On constate que les rapports de proportions épaisseur/diamètre et ombilic/ diamètre évoluent de manière continue dans le temps dans le sens d'individus de plus en plus plats, minces et tendant à l'involution. C'est ainsi qu'on arrive à H semipolitum qui caractérise bien le sommet de la zone. Par ailleurs, la sous-zone à sublevisoni n'est pas aussi caractérisée ici, les types lusitanicum, tethysi et sublevisoni pouvant se rencontrer également dans la sous-zone... à bifrons ! Citer
geopas Posté(e) 19 juillet 2022 Auteur Signaler Posté(e) 19 juillet 2022 Il y a 1 heure, icarealcyon a dit : Par ailleurs, la sous-zone à sublevisoni n'est pas aussi caractérisée ici, les types lusitanicum, tethysi et sublevisoni pouvant se rencontrer également dans la sous-zone... à bifrons ! Bien. Je vois que le sujet est beaucoup plus complexe que prévu et qu'il faut interpréter les différentes colonnes biostratigraphiques publiées avec un esprit critique permanent (critique mais en restant constructif). Les biais sont évidemment nombreux comme le soulignait plus haut EK80. Mais comme toutes ces zones, sous-zones, horizons sont basés sur des "espèces", l'un des biais les plus importants ne serait-il pas tout simplement le fait qu'on est incapable, aujourd'hui, de définir ce qu'est une espèce fossile ? Un deuxième biais pourrait être le fait de vouloir diviser de plus en plus finement les subdivisions biostratigraphiques et créer ainsi involontairement des artefacts (je pense ici aux théories de traitement du signal en physique). Citer
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