Le diapir de sel gemme de Slanic (Roumanie)

[ANDRE HOLBECQ]

et puisque l'on évoque les "séracs" en voici, mais en sel of course:

[ANDRE HOLBECQ]

un petit croquis pour expliquer la formation d'un diapir, et pour répondre à la question des dimensions...

Dans les terrains le sel gemme est normalement disposé en couches horizontales, souvent intercalées entre des strates de marnes ou d'argiles. Mais il est plus léger, sa densité n'est que de 2,1 à 2,2 contre 2,6 à 2,7 pour les autres roches courantes, de plus il est relativement plastique. Quand il est surmonté d'une épaisseur suffisante de roches plus lourdes qui pèsent sur lui, il a naturellement tendance à monter au travers (comme le fait une goutte d'huile placée au fond de l'eau) et même à les transpercer. Ainsi se forment les dômes de sel appelés diapirs (du grec diapeirein signifiant transpercer) qui ont habituellement 1 à 5 km de diamètre et où les couches primitives sont redressées à 70°, ou sont même devenues méconnaissables.

[ANDRE HOLBECQ]

un peu de lecture pour en savoir plus, j'ai traduit le roumain, c'est plus commode non ?

le livre est depuis longtemps épuisé et introuvable.

[ANDRE HOLBECQ]

suite du document...

[ANDRE HOLBECQ]

les indigènes s'enduisent de boue aux vertus curatives pour les articulations endolories, d'autre part, si l'on flotte bien dans la saumure il y est difficile et exténuant de nager, j'ai essayé, effectivement on en ressort tout "flagada".

Excités de tous les pays baignez vous ici! Ce n'est pas cher mais efficace.

[ANDRE HOLBECQ]

qu'y a-t-il dans ce verre ? Une petite bebette dont les congénères grouillent littéralement dans la saumure du bain de Baciu. C'est un petit crustacé, une sorte de "crevette" extrêmement résistante par ses oeufs à la sécheresse, j'ai nommé: la nauplie ou Artémia salina.

[ANDRE HOLBECQ]

tout ce sel dans cette région est largement répandu notamment là où l'on pompe du pétrole, comme par exemple à 40 km d'ici, à Bàicoi, les gens s'enduisent également de boues sapropéliques pour soulager leurs douleurs rhumatismales. Les roumains appellent cela "saramurà".

[ANDRE HOLBECQ]

promenade dans le lapiez

[ANDRE HOLBECQ]

voilà à quoi ressemblait l'aven du mont de sel de Slànic dans les années 1971 - 72, c'est toute la partie centrale (sur la photo entre le bain et le trou) qui n'existe plus aujourd'hui, effondrée et dissoute; LE PREMIER EFFONDREMENT DE LA VOÜTE SOMMITALE AURAIT EU LIEU EN 1914

[Jean]

André !

Super ce reportage et ces photos... :coucou!:

On en parlait hier à la bourse, ça devrait nous inciter à prendre systématiquement des photos des sites chaque fois qu'on se rend sur le terrain...

Comparer ainsi sur des années est extra !!!!!!

Ca met un peu de sel...

A++++

[cantalou]

joli reportage! j'ai une question, est ce qu'il y a des sels gemmes en France??

[rives_3]

Bien sûr Cantalou, il y a du sel gemme... pas aussi apparent qu'en Roumanie. Mais qui a donné lieu à exploitation industrielle en Lorraine, avec industrie chimique en rapport...

Un lien pour faire le point : http://www.106.us/f/chlorure_de_sodium/index.htm

J'ai vu tout de même qu'il existait du sel gemme en Béarn( la bien nommée Salies de Béarn 64)... Mais d'autres indices existent sans pour autant être exploitables...

J'en profite pour glisser un lien d'un copain qui parle de sels et de bien d'autres choses dans les Pyrénées Occidentales........... http://perso.orange.fr/mfp64/pyrenees.html

Enfin, une piste pour les curieux des eaux minérales... surveiller la dose de sodium et de chlorure dans les eaux... c'est un indicateur fiable parfois... sur la proximité de dépots de sels souterrains.

Eric

[ANDRE HOLBECQ]

effectivement Jean, s'il est avéré qu'un géologue sans son marteau c'est un homme sans son slip, sans appareil photo que pourrait-on dire ?

[Jean]

Je préfère ne pas le savoir, pour toutes les fois où j'ai oublié mon APN...

[ANDRE HOLBECQ]

j'ai retrouvé un article de presse roumain sur la catastrophe de l'éboulement du mont de sel, en voici la traduction:

Le mont de sel de Slànic est tombé dans la grotte

29 mars 2006 dans le journal Republicanul

La fin du monde

Les habitants de Slànic qui vivent près du mont de sel ont vécu, ce lundi soir, un instant de cauchemar. Outre le bruit infernal produit par le glissement de terrain, deux maisons ont été détruites et huit autres sont sur le point de s’effondrer au moindre mouvement du terrain. Et le mont continue de descendre. Les gens racontent les larmes aux yeux comment a commencé leur malheur.

Un fracas infernal suivi d’un séisme et d’une avalanche de pierres dévalèrent dans la grotte. Les propriétaires de maisons détruites par le glissement de terrain ont trouvé refuge pour la nuit dans leurs familles. Ils disent n’avoir rien pu prendre avec eux sauf le strict nécessaire pour deux petits enfants. Actuellement ils sont logés à l’hôtel en ville.

Les autres familles dont les maisons sont dans la zone, attendent dans la peur et attendent de voir comment le travail d’une vie se transforme en un monument funéraire en pierraille.

Désastre prévisible

Le mont de sel de Slànic a commencé à « fondre » depuis des années. Chaque pluie tombée sur cette localité l’a dissout peu à peu. Les premiers signes de sa destruction imminent ont été visibles cet automne. Maintenant comme jadis les autorités s’avouent impuissantes. On ne peut pas arrêter la furie de la nature et de plus on ne peut rien pour faire tenir le mont.

Nous ne pouvons rien faire si ce n’est prier Dieu déclare le maire de la ville Danielus Costea.

Monument détruit par les eaux

Le mont de sel est daté du néogène. La région de Slànic a conservé jusqu’à hier un phénomène unique en Europe, d’une grande importance scientifique et esthétique. Le massif a été produit par un processus tectonique , le mécanisme de base étant le caractère plastique du sel, ce qui ne permet pas à celui-ci de se conformer normalement aux mouvements de plissement.

En tant que roche proprement dite, le sel est né par évaporation d’eaux d’une ancienne lagune, qui appartenait à une mer, laquelle entourait la chaine carpatique il y a bien plus de 10 millions d’années.

En une nuit, la grotte de la mariées a presque tout ingurgité.

[ANDRE HOLBECQ]

près de puits de pétrole et à divers endroits de la ville de Bàicoi, en Prahova, Roumanie, on peut trouver des "SARAMURA" bains de saumure et de boue sapropélique noire où les autochtones s'enduisent de boue pour soigner les rhumatismes. Le sel y cristallise très vite et donne ces petites boules intransportables.

[trenen23]

Je suis vivement impressionné. J'en avais entendu parler en cours, cela semblait spectaculaire, mais les photos sont somptueuses. Merci pour le rève

Serge NENERT

[ANDRE HOLBECQ]

si ce n'est indiscret, dans quel cours parle-t-on du sel roumain ?

[Azogue]

Ce magnifique gâteau de sel (...) en 1992 puis le journal du 29 mars 2006

Extraordinaires tes photos.

Une question: j'ai visité la mine courant 2004. Est-ce que la catastrophe s'est produite en 2006 comme le journal qui en a parlé, ou bien avant 2004 (car en 2004 ton superbe gateau était déjà écroulé, je m'en souviens). Merci.

[Azogue]

(j'ai relu attentivement tes indications entretemps)

Si je comprends bien, en été 2004 quand je suis passé il y avait déjà eu un gros soutirage et le "mont" avait déjà (comme je l'ai noté alors) un aspect de grotte ruinée; on m'avait montré des fissures de partout dans les batiments de la mine,

mais en janvier 2006 , rebelote, et là, ça a été la pire catastrophe ?

Est-ce que le puits de mine qui conduisait les touristes aux chambres vides de la mine a été affecté?

Je me souviens que je m'amusais à donner la pétoche à mes compagnons en évoquant le cas du puits San Aquilino de la mine d'Almaden: un jour, les roches plastiques de ses parois avaient gonflé mais personne ne l'avait remarqué. La cage pleine de mineurs qui descendaient au fond s'était donc coincée à mi-parcours,

jusqu'à ce que le poids du cable qui s'accumulait sur le toit de la cage à l'insu du treuilliste distrait, finisse par faire une surcharge telle que la cage d'est débloquée soudainement et s'est écrasée à toute vitesse 200 m plus bas.

Je flippe, rétrospectivement !

[trenen23]

A l'attention d'André Hollbecq: Si je me souviens bien on évoqué les diapirs d'Europe centrale à propos de pétrole et comme modèle pour les montées diapiriques de granite en cours de licence ou maitrise géol.

Serge

[Christophe Reuss]

Monsieur Holbecq,

J’ai été très intéressé par vos articles. Vous avez fait un remarquable travail de recherche de documents anciens, chose plutôt difficile en Roumanie. J’avais déjà lu quelque chose à propos du tunnel d’accès et finalement j’ai pu comprendre ce que c’était. Je suis moi-même allé à Slanic, la dernière fois en 2009. Je joins une photo faite en 2009 où on voit ce qui reste de «grota miresei». C’est devenu vraiment minable, des éboulements ou glissements ont colmaté la moitié du lac.

Il y avait une autre site intéressant à voir à Slanic, tout près de la mine Unirea (de l’aute côté de la rivière, il faut passer le pont) : «Ocna verde », c’est un trou à pentes raides rempli d’eau, lui aussi causé par l’effondrement du sommet d’une de ces anciennes mines en forme de cloche. En 2009 je n’ai pas pu y aller. L’accès etait barré pour réaménagement touristique. Et je doute qu’il soit maintenant de nouveau libre. Voir les 2 photos jointes.

J’ai mis aussi une photo du bâtiment d’entrée dans la mine en 2009 : le sous-sol est instable.

Il y a un détail toutefois dans vos explications qui me semble bien invraisemblable. Vous écrivez : Les ouvrages en bois servent aux ouvriers pour racler les murs et le plafond car les néoformations salines ont tendance à donner des cristallisations en chou-fleur qui cachent les dessins des plis. Or,

- J’ai remarqué que les escaliers en question reposent sur des chevrons enfoncés dans les parois. Si ils étaient déplaçables il aurait partout dans les parois des logements pour les chevrons.

- Je suis allé 3 fois dans la mine Unirea, Je n’y ai jamais vu ni entendu parler de chantier de nettoyage en cours.

- Si les parois avaient besoin d’être nettoyées périodiquement, étant donné la surface et le temps nécessaire pour déplacer les échelles, il est logique de considérer que le nettoyage total doit s’étaler sur une longue période de remps, et on devrait voir des zones présentant un degré de nettoyage différent. Ce n’est pas le cas.

- Je doute que les propriétaires/organisateurs aient tant à cœur de préserver l’aspect des strates plissées. L’accent est plutôt mis sur le côté médical (le dortoir et les améngements de sport) et historique.

- J’ai constaté que ces cristallisations se produisent sur des surfaces humides, au mois temporairement ; or les parois de la mine sont bien sèches. Sauf au niveau d’un grande fissure, près d’un angle de galerie où il y a un concrétionnement permanent (qui n’est pas nettoyé).

De quelle source tenez-vous donc cette information ?

On conclut de la disparition de « grota miresei » que la durée de vie d’un volume de sel exposé aux intempérie est très faible. Je crois qu’on peut estimer la dissolution du sel à nu à 10cm de hauteur par an. Dans nos climats européens, si on voit du sel à la surface du sol cela indique donc qu’il y a eu une intervention humaine, sinon le sel est caché par d’autre roches.

Je vous invite à regarde ce que j’ai écit sur Géoforum à propos de Meledic, où il y a aussi des surfaces de sel nu.

http://www.geoforum....rbres-fossiles/

La différence est qu’à Slanic une mine a déclenché l’apparition du sel, tansdis qu’à Meledic c’est la déforestation.

[ANDRE HOLBECQ]

Bonjour "Ristop" je découvre maintenant votre message et merci pour vos photos très utiles permettant de bien comprendre les lieux. Voici mes commentaires: sur la première photo, on aperçoit particulièrement bien la zone de glissement effondrement et l'absence de la maison qui était là haut .

A gauche de l'ancienne Grota miresei actuellement, sans déforestation et sans intervention humaine, uniquement par érosion le ruissellement est en train de dégarnir une autre zone de sel des argiles et blocs de cailloux sus jacents. Donc le sel peut apparaître tout seul par érosion différentielle sans aucune intervention anthropique. Mais il est vrai que les mines favorisent et accélèrent les phénomènes d'érosion, de tassement, d'effondement.

La grotte de la mariée s'est usée de l'extérieur et de l'intérieur en même temps. Il était normal qu'elle s'effondre un jour d'ailleurs l'aven au sommet a bien été formé par effondrement de la voûte affaiblie par l'exploitation en cloche à l'intérieur. Cela se passa pour la 1ère fois en 1914.

[ANDRE HOLBECQ]

erosion différentielle nouvelle qui évacue le sous- sol sus jacent révélant un nouveau diapir qui se sculpte déjà en lapiez dès que le sel affleure

[ANDRE HOLBECQ]

toujour l'érosion naturelle vue du restaurant