Faut-il faire voyager Lucy ?

[Invité ndt]

La réplique du squelette de Lucy en exposition au Muséum

d’histoire naturelle d’Addis-Abeba, en Ethiopie.

C’est une affiche sans précédent que le Muséum de science naturelle de Houston, au Texas, annonce pour septembre 2007: le fossile de Lucy, la célèbre australopithèque d’Ethiopie, en vrai, pas un moulage du squelette partiel retrouvé dans l’Afar éthiopien en 1974. Ce sera la première fois que Lucy quittera ainsi l’Ethiopie pour être exposée aux yeux du grand public.

Le Muséum de Houston a annoncé que l’accord avait été conclu cette semaine avec les autorités éthiopiennes après quatre ans de négociations. Le montant de la somme versée à l’Ethiopie n’a pas été communiqué. Une dizaine de musées américains accueilleraient l’exposition intitulée L’héritage de Lucy: les trésors cachés d’Ethiopie. Pour l’occasion 190 fossiles, reliques et objets sortiraient du musée d’Addis-Abeba pendant six ans.

Si certains voient là une formidable occasion de parler de l’évolution de l’homme aux Américains, beaucoup de paléontologues tentent de s’opposer à cette tournée. Ils s‘inquiètent en premier lieu des risques de détérioration du précieux fossile, un spécimen unique et irremplaçable.

Le Muséum d’histoire naturel de Cleveland, ainsi que le Smithsonian Natural History Museum de Washington ont indiqué qu’ils refuseraient d’exposer Lucy. Elle ne devrait pas quitter l’Ethiopie, a précisé le Smithsonian.

Le squelette de Lucy est sorti d’Ethiopie une seule fois en 1974, amené aux Etats-Unis par l’un des découvreurs, Donald Johanson, pour être étudié. Depuis son retour en terre natale les paléontologues se déplacent pour voir la ‘’vraie’’ Lucy. C’est une réplique qui est exposée en permanence au musée d’Addis-Abeba.

Les scientifiques dénoncent une violation de l’accord signé en 1998 sous l’égide de l’UNESCO qui préconise que les fossiles d’hominidés ne sortent pas de leur pays d’origine sauf si des recherches ne peuvent pas être menées ailleurs que dans un laboratoire étranger. L’accord recommande l’usage de répliques pour les expositions destinées au grand public.

Les opposants au projet craignent qu’il incite d’autres pays, comme le Kenya, à faire à leur tour voyager leurs précieux fossiles d’hominidés.

[le sablais]

On m'avait bien dit que ce sont les personnes agées qui voyagent le plus!!

Le sablais

[Yvan]

C'est le même problème pour de nombreuses pièces inestimables qui de temps à autre prennent l'avion, je trouve ça également un peu dangereux................ le masque mortuaire d'or de Toutankhamon (car il n'y a pas que la géologie dans la vie !) a déjà pris l'avion plusieurs fois, c'est un risque bien grand par rapport aux retombées diverses et variées à mon sens.... ce genre de perte serait pour moi impardonnable !!!!!

[le sablais]

Pardonnez-moi mon trait d'humour du dessus. Il n'y a pas que le sérieux dans la vie.

Pour faire plus sérieux, je pense comme Osiris : des pièces exceptionnelles, dans tous les domaines, risquent trop à être déplacés (accident, vol, vandalisme, mauvaises conditions d'environnement...). On fait de superbes copies et cela est souvent bien suffisant pour des expositions. Mais je pense que les motivations de ce genre de déplacement de collections sont ailleurs: faire de l'exceptionnel, du médiatique...., afin de s'assurer des retombées ultérieures (financières entre autres).

Le sablais

[Invité ndt]

je pense que les motivations de ce genre de déplacement de collections sont ailleurs: faire de l'exceptionnel, du médiatique...., afin de s'assurer des retombées ultérieures (financières entre autres)

On peut aussi imaginer que l’exceptionnel et donc le médiatique qui va fatalement en découler poussera certaines personnes à s’intéresser à la paléontologie, chose qu’elles n’auraient pas fait autrement. Même provisoirement c’est déjà ça !

Concernant la dégradation des pièces pendant le transport, je m’étonne des craintes formulées ici.

Si l’on considère que cela fait des années que l’on sait faire voyager des peintures extrêmement fragiles ou des pièces archéologiques avec suffisamment d’expérience pour éviter toute dégradation alors pourquoi pas un squelette.

Reste, a mon sens, le côté déontologique de cette histoire qui est discutable.

[le sablais]

Concernant la dégradation des pièces pendant le transport, je m’étonne des craintes formulées ici.

Si l’on considère que cela fait des années que l’on sait faire voyager des peintures extrêmement fragiles ou des pièces archéologiques avec suffisamment d’expérience pour éviter toute dégradation alors pourquoi pas un squelette.

C'est tout à fait vrai , je le reconnais, que les pièces transportées le sont dans des conditions drastiques (les assurances y veillent d'ailleurs), mais le risque zéro n'existe pas.

Au vu parfois de l'actualité (vols dans des musées) on pourrait même me dire que certaines oeuvres d'art sont plus en sécurité dans des caisses de transport qu'exposées dans les musées.

Le sablais

[Rikou]

C'est effectivement plus un problème de déontologie et de respect des accords passés entre la communauté scientifique et les collectivités ou pouvoirs publiques.

Il faut se tenir à ce qui a été décidé et ne pas y dérogé.

Par contre j'ai du mal a penser que l'aspect financier n'a pas joué son rôle dans ce voyage de Lucy. A mon humble avis (sans aucune preuve fondée, uniquement sur mon ressenti donc totalement subjectif) l'Ethiopie qui ne me semble pas être un pays extrêmement riche a bien du monnayé le départ momentané de sa plus ancienne compatriote. ..... 4 ans de négociation ? ... j'aimerais bien connaître les arguments que Houston a présentés aux autorités éthiopiennes.

[Mehdi MIMOUNE]

Au risque de paraître démodé, je me demande si le précieux squelette pouvait être volé ???

Même la Joconde l'a déjà été (retrouvée par la suite certes)?

Hormis les éventuels accidents qui pourraient survenir dans le transport, de riches collectionneurs pourraient vouloir se l'approprier aussi ... (j'ai regardé Ocean 12, il faut y penser aussi ... )

[le sablais]

Quand on fouille un peu sur internet on s'aperçoit que la quantité d'oeuvres volées est énorme. Mais ce n'est pas toujours dans des buts mercantiles. Stéphane Breitwieser, voleur célèbre récent, volait les oeuvres simplement pour les avoir chez lui et en profiter tout seul à sa guise.

C'est vrai que voler un tableau pour l'exposer dans son salon est une chose compréhensible mais je ne vois pas bien quelqu'un voler Lucy pour faire de même, à moins d'avoir des goûts étonnants ou une passion démesurée pour la paléontologie.

Le sablais