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Posté(e)

Bonjour Dinomaniac

"Mais, en milieu naturel, est-ce que les 'chances' de reproduction de ces grenouilles 'monstres' sont bien les mêmes que des grenouilles 'normales'"

Oui il y a beaucoup d'incertitudes ... déjà toutes les grenouilles de l'étang n'étaient pas atteintes de la même manière, donc à l'état naturel, lesquelles se reproduisaient ?????? Le fait d'avoir des reproductions de grenouilles anormales en labo, ne signifie rien sur ce qui se passait dans l'étang ...

"Si l'environnement agit directement sur les gènes, et non sur la sélection post-développement de l'individu, cela peut se révéler très intéressant d'un point de vue évolutif, en effet. Globalement, cela revient à de la sélection tout de même, mais d'une manière différente."Tout à fait ! Et çà ajoute une possibilité énorme, l'environnement devenant un moteur de l'Evolution. Ca me fait aussi pensait à ce post de Lionel à propos de lézards introduits sur une île où ils avaient changé de mode d'alimentation avec des modifications de l'appareil digestif (à chercher dans la discussion "Darwin-pour comprendre").

Imaginons un environnement A avec une espèce X. L'environnement se change progressivement en environnement B ... il s'en suit la naissance d'une espèce Y. L'environnement B cesse et revient dans les conditions de l'environnement A ... et l'espèce Y évolue à nouveau vers l'espèce X. Ce "retour en arrière" n'étant pas le fait de l'expression d'un gène antérieur, mais l'expression du même gène selon l'environnement !!! Ca laisserait rêveur, non ?

"A-t'il essayé de croiser des femelles anormales avec des mâles normaux ? Les femelles sont-elles concernées par le problème également" D'après ce que j'ai compris, oui mâles et femelles sont atteints par l'anomalie.

Le petit fascicule est chez moi, et je relierai le très court passage concernant les premières observations sur les crapauds, et où les tests de reproduction avaient été contradictoires, parfois naissance avec 6 doigts, parfois crapauds normaux . Par contre il n'était pas écrit comment il avait obtenu ces mutants, mais c'était avant l'histoire des grenouilles, et peut-être sans aucun rapport.

Posté(e)

Comme promis, voici du fascicule SBT356 qui reprend des passages du livre de J.Rostand "Les étangs à monstres"

A la suite d'expériences en laboratoires, J.R obtient en 1947 trois crapauds à six orteils. Peut-être existe-t-il dans la nature des crapauds à six orteils comme il existe des hommes à six doigts .. Au cours du printemps 1948, je disposais donc de plusieurs milliers de crapauds mâles. Dès le premier examen, j'eus la satisfaction de découvrir, huit exemplaires porteurs d'un sixième orteil. Pas une seconde, je ne doutais qu'il ne s'agît de l'anomalie héréditaire que je cherchais. Il me fallait obtenir la descendance des sujets anormaux. En février 1949, j'eus la possibilité d'espérer l'union d'un mâle polydactyle et d'un femelle provenant des environs de Perpignan. Sur 248 produits, 123 étaient normaux, et 125 anormaux par présence d'un orteil supplémentaire. Par la suite, à ma grande surprise, plusieurs croisements effectués entre mâles polydactyles et femelles normales ne fournirent que des produits normaux. Comme il ne peut rien conclure sur ces crapauds, il recherche les même anomalies chez la grenouille.

Il reçoit des grenouilles de l'étang de Trévignon (Concarneau). Quelle sera ma surprise ! Une grenouille à six orteils : une autre ... Une troisième a sept orteils, une quatrième en a huit ... En tout sur 49 sujets, j'en compte 9 qui portent 6 à 8 orteils. L'anomalie est presque toujours bilatérale ; elle ne diminue en rien la vigueur de l'animal, elle frappe également les mâles et les femelles. Je pratique l'union par insémination artificielle, d'une femelle à sept orteils et s'un male normal, puis d'une femelle normale avec un mâle à sept orteils. Or, à ma grande surprise, tous les produits furent parfaitement normaux.

Je dus attendre 1950 pour réaliser un croisement entre une femelle à 7 orteils et 5 doigts, et d'un mâle à 7 orteils et 5 doigts. Et mon étonnement ne fut pas mince de constater que cette fois encore, tous les produits, au nombre de 542, étaient normaux. Par la suite, de nombreuses unions de ce type devraient me convaincre de l'intransmissibilité héréditaire de la polydactylie chez la grenouille verte. C'est donc provoqué par les conditions du milieu où se développe le têtard.

En 1952, il reçoit à nouveau des grenouilles de l'étang de Trévignon. Non seulement il y avait beaucoup de sujets polydactyles, mais encore des sujets à pattes déformées, raccourcies, épaissies, tordues, portant parfois des épines à armatures osseuses, et même des excroissances. Il baptise cette anomalie "Anomalie P". On peut compter jusqu'à une vingtaine d'orteils. En dehors des deux paires de pattes, on ne constate aucune modification du corps. Passé un certain point de gravité, le sujet périt au moment de la métamorphose ou peu après. Si , chez une larve, on sectionne un bourgeon que son aspect désigne comme devant produire une patte anormale, c'est une patte normale qui repousse. Ni par l'action des hormones ni par l'action des composés chimiques, je n'ai pu modifier, en quoi que ce soit, l'évolution des anomalie.

Plusieurs étangs sont connus et c'est toujours la grenouille verte qui est en cause : Indre, Vendée, Lyonnais. Quant à la polydactylie simple, qui n'est qu'une forme atténuée (1) de l'anomalie P, elle a été mise en évidence dans certains étangs des Landes, près de de St Etienne, ... On a supposé qu'elle était d'origine récente ; tel n'est pas mon avis (2). Je pense que l'anomalie P existe de longue date, mais rares sont les personnes - sauf les enfants ! - qui pêchent les têtards et plus rares encores celles qui les regardent attentivement. La polydactylie simple est observée en Suisse, Allemagne, Grèce, ...

Dans les étangs la fréquence des formes anormales varie selon les années :

Trévignon : 1958 (80%) 1959 (25%) 1961 (75%) 1962 (1%) 1963 (0%) Passé 1963 elle a disparu de cet étang.

Lingé : 1961 (35%) 1963 (60%) 1964 (60%) 1965 (70%) 1966 (14%) De 67 à 68, l'étang est asséché, mais dès sa remise en eau, l'anomalie P réapparait 1970 (70%)

Les étangs proches d'un étang à monstres peuvent n'être peuplés que de larves normales. Dans un même étang, il semble qu'il y ait des zones nettement plus riches en larves anormales. D'une année à l'autre, ces zones peuvent se déplacer. On relève une variation de la fréquence de l'anomalie selon les moments de l'année.

J'avais tout naturellement songé à une action chimique de l'eau et notamment un pollution industrielle ; mais aucun composé

chimique connu ne me permet de reproduire l'anomalie P ; en outre, j'ai prélevé de l'eau dans les étangs à monstres pour y

éléver de très jeunes larves de grenouilles ; ce fut toujours sans le moindre résultat positif. J'ai vainement essayé de transmettre l'anomalie P en inoculant à de très jeunes têtards du broyat de bourgeon anormal, en les faisant vivre avec

d'autres atteints de l'anomalie P ou en ajoutant à l'eau de l'élevage un broyat de déjections de sujets anormaux ... mais

tous les essais ont conduit à des résultats négatifs.

Dans l'étang de Tranchy, notre intention étaient de faire développer de jeunes larves de grenouilles saines provenant d'une

région sans anomalie P, à l'intérieur de grandes cages qui placées dans l'étang à monstres, communiquant directement avec le milieu aquatique. Sur 177 larves, toutes se sont avérées normales. Nous avons renouvelé l'expérience dans un autre lac

(lac de Grandlieu), pour le même résultat négatif.

D'autres ont été faites dans le lac de Grandlieu, qui consistent à placer dans les cages d'élevage des poissons (tanches,

anguilles) provenant de l'étang à monstres ; sur 346 têtards, 101 sont anormaux. Larves sans poissons, sur 64 têtards, tous

normaux. Une relation existe donc entre la présence des poissons dans les cages et l'apparition de l'anomalie P.

On fait cohabiter des larves avec des tanches et anguilles provenant d'un étang où l'anomalie P est absente, tout reste

normal. Et même contrairement à notre attente, les résultats sont demeurés négatifs avec des poissons provenant de l'étang de Lingé, qui est pourtant un étang à monstres. Si vraiment les poissons exercent cet effet, il n'appartient qu'à certains

d'entre eux, et peut-être même ne se produit-il que dans certaines conditions (3). Ces expériences on été reproduites dans l'année suivante avec des résultats comparables.

En 1969 nous avons pu reproduire l'anomalie P au laboratoire en soumettant de jeunes larves à l'action de déjections de

certains poissons (tanches, anguilles). De nombreuses anomalie apparurent. Les déjections de brêmes provenant de l'étang à

monstres, se sont montrées inactives, ainsi que de la bouse de vache et diverses déjections d'oiseaux. Même insuccès avec le

mucus de poissons recueilli dans l'étang à monstres.

Nous avions en 1970 l'espoir de rechercher si le pouvoir déformant résiste à l'ébullition, à la congélation, à la filtration, etc ... Mais l'anomalie P a disparu de l'étang de Grandlieu où, l'an passé elle se montrait si abondante. S'il s'agit comme tout l'indique d'un virus (4), il appartiendra aux virologues de le mettre en évidence. Il faudra voir si son pouvoir s'étend à d'autres amphibiens, anoures ou urodèles.

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J'ai mis des nota quand je recopiais le texte

(1) il passe peut-être totalement à coté de quelque chose en faisant cette conclusion hâtive

(2) remarque très pertinente !!!

(3) il dirige toute sa recherche sous la forme d'une anomalie, mais pas dans le sens d'une manifestation génétique. Pourtant c'est ce point qui nous intéresserait le plus, mais en 70 la génétique n'était pas encore "à la mode".

(4) c'est encore une supposition, car il n'a pas trouvé la raison profonde et il semble avoir totalement oublié les premières expériences sur les crapauds où il a eu une transmission du caractère. Est-ce qu'il ne mélange pas plusieurs choses ?????

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