Tout le monde s’accorde, à juste titre, pour reconnaître que la collection de Mr G. E. est tout à fait exceptionnelle et que les spécimens qui la composent appartiennent à notre patrimoine.
J’adhère toutefois beaucoup moins à la notion de « patrimoine national » (avec par ailleurs toutes les connotations que cela peut laisser imaginer) mentionnés par beaucoup d’entre vous. S’agissant d’échantillons minéralogiques (faisant donc pour une large part abstraction de tout élément « culturel » propre à un pays donné), ces échantillons exceptionnels me semblent davantage relever de notre patrimoine mondial. Si j’apprécie beaucoup et possède certains spécimens de gisements situés à l’étranger, je ne suis pas opposé (bien au contraire) à ce que des collectionneurs ou musées étrangers apprécient, possèdent et exposent des spécimens provenant de gisements situés en France.
Ceci étant posé, il me semble qu’une vraie question concerne la protection dans la durée de ces éléments de notre patrimoine mondial. De ce point de vue, je crois que le fait de les mettre dans le circuit des grandes collections privées (avec leur cycle de ventes/ reventes) est plus à même de garantir leur bonne conservation dans la durée que leur « transfert » dans un « grand musée français », qui parfois, faute de moyens « prend l’eau », et pourrait se révéler moins à même de les conserver dans des conditions satisfaisantes ou (pire ?)dans une « nouvelle structure » dont la pérennité est loin d’être garantie (qui n’a jamais entendu parler de musées plus ou moins «locaux » ayant tout simplement « disparus » (avec leurs collections).
C’est peut-être triste à reconnaître, mais pour ce qui relève de la conservation des échantillons, je pense que ces échantillons seront souvent mieux préservés chez des collectionneurs privés qui auront dépensés 1000 ou 10.000 dollars pour se les procurer (et dont la problèmatique est de conserver quelques centaines d’échantillons) que dans un « grand musée national » aux moyens financiers plus limités et aux collections parfois « gigantesques »(avec ce que cela implique sur les conditions de conservation).
L’autre question importante concerne l’accès du public à ce patrimoine, là encore, il faut être réaliste. De mon point de vue, vous avez plus de chances (même si elles restent très faibles) de revoir ces échantillons s’ils sont intégrés à de grandes collections privées (articles LRM, Mineralogical Record, Lapis, catalogues, expositions de prestige à SMAM, TUCSON,…) que si elles rejoignent les réserves de nos musées qui n’auront très probablement pas les moyens de les exposer : pensez vous réellement que si un des trois musées parisiens avait acheté la collection, des travaux d’agrandissement du musée et de création de nouvelles vitrines « collection G. E.) auraient eu lieu ? la réponse me paraît malheureusement évidente.
Au final, je crois que le plus important est que ces échantillons soient identifiés comme faisant partie de notre patrimoine mondial (et à ce titre le rôle de Mr G. E. aura été déterminant !) et qu’ils trouvent un lieu d’accueil garantissant leur conservation.