Boucher de Perthes c'est aussi ça :
L'échelle de la progression selon Boucher de Perthes. Chacun de nous est éternel et progresse selon une échelle morale, orientée du bas vers le haut : de ce qui est moralement inférieur à ce qui est moralement supérieur. À chaque échelon nous changeons de forme : c'est la métempsycose. Donc avant d'être homme, nous avons été végétal puis animal : d'arbre nous sommes devenus vermisseau. Le premier homme, ou l'homme antédiluvien, désigne notre passage de la forme animale à la forme humaine, c'est-à-dire à l'être qui " a l'idée de Dieu ", tout en étant le plus inférieur des hommes. Nous pouvons espérer dans nos vies futures devenir ange, puis l'un des rayons du soleil.
Un exemple suffirait presque à lui seul à exposer la progression : le bœuf devenant éléphant . Boucher de Perthes affirme que le " passage d'une forme à une forme différente, ou de la transition d'une classe à une autre classe " est " le plus difficile à expliquer, si même il est explicable pour notre faible conception ". Effectivement un postulat, ou une conviction, n'est pas, par définition, explicable, là réside sa force ou sa faiblesse. Les expressions de " forme " et de " classe " passent pour équivalentes, le " passage d'une forme à une forme différente, ou la transition d'une classe à une autre classe ". Selon la première formulation, on peut croire qu'il s'agit de biologie et de transformisme, mais la seconde remet les choses sur le terrain de la métaphysique et de la métempsycose : il s'agit d'une même âme qui transite, qui passe d'une classe dans une autre ou d'une espèce à une autre, qui s'incarne dans d'innombrables corps. La même âme change constamment d'espèce en progressant selon l'échelle des êtres. On a beau dire que les chiens ne font pas des chats, pour Boucher de Perthes, les bœufs font des éléphants.