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Bourse aux minéraux et fossiles de Beauvais les 29 et 30 mars

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Jeando80

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  1. Mimétite, cérusite, et mottramite Mine de Tsumeb, Tsumeb, Oshikoto, Namibie 112x64x43mm Encroûtement de mimétite (jaune) recouvrant partiellement des cristaux de cérusite (translucides), sur un lit de mottramite (verte) Détail du verso, avec toujours de la mottramite et un peu de calcite
  2. Une autre "petite" pièce... Mimétite Mine de Tsumeb, Tsumeb, Oshikoto, Namibie 165x95x40mm Riche spécimen de mimétite sur un encroûtement de smithsonite porcelaine. Détail, montrant des cristaux à l'éclat résineux, avec un faciès en "gerbe de blé". Le verso montrant la matrice, je pense une dolomie brechifiée
  3. Pour changer d'espèce, avec une première d'une longue série... Mimétite Mine de Tsumeb, Tsumeb, Oshikoto, Namibie 97x77x51mm Celle-ci rappelle un peu certaines pièces mexicaines (Ojuela ou San Pedro Corralitos). La mimétite peut prendre tellement d'habitus différents à Tsumeb (variétés des couleurs, des formes, associations et autres pseudomorphoses...)!
  4. J'adore ce sujet et suis ravi qu'il intéresse tant de monde! Une des miennes pour poursuivre... Dioptase sur calcite Mine de Tsumeb, Tsumeb, Oshikoto, Namibie 100x92x57mm C'est tellement difficile de rendre correctement leur magnifique couleur vert émeraude en photo! 32ème niveau, seconde zone d'oxydation
  5. Bonsoir Michel. Sur l'association, quartz, wulfénite, cérusite et dioptase, j'aurais plutôt dit M'Fouati (République du Congo). Mais c'est Icarealcyon la spécialiste des mines congolaises, elle nous en dira plus! Cordialement.
  6. Salut Romain! Toi et Kayou lancez donc les hostilités avec les premières dioptases de Tsumeb! Si l'on devait choisir un minéral emblématique de cette localité, je pense que sans nul doute ce serait cette espèce. Les cristaux centimétriques étaient légion, le plus grand répertorié avoisine les 5 centimètres! Comme je l'ai rappelé dans l'introduction de ce fil, pour le grand collectionneur Charles Key, la valeur marchande des dioptases trouvées à cette époque « devance celle de tous les autres minéraux trouvés à Tsumeb, loin devant celle des azurites ». Les dioptases sont absentes de la première zone d'oxydation; on en trouve donc aucune trace dans les vieilles collections, si ce n'est de vieux spécimens faussement attribués à Tsumeb et qui proviennent en réalité de la mine de Guchab, à Grootfontein (à 50km de là). Dans la seconde zone d'oxydation, les découvertes ont eu lieu à partir de 1975, principalement entre les 29ème et 32ème niveaux de la mine (et surtout au 30ème), puis furent tellement nombreuses que les vendeurs des années 80 priaient pour que l'on remonte d'autres minéraux que cette "ennuyeuse couleur verte" (sic, Gebhard). De nombreux mineurs sont devenus riches grâce aux dioptases, et l'un des dernier directeur de la mine en était tellement fou qu'il avait la réputation de descendre durant la nuit pour essayer d'en trouver par lui-même... Enfin, à la fin des années 80, de belles découvertes ont eu lieu dans la troisième zone d'oxydation, au 44ème niveau, avec des cristaux d'un vert très particulier (en raison de leur intrication avec de la malachite et de la conichalcite), la plupart du temps microcristallisés, en placage sur de la calcite (du plus bel effet!), mais parfois centimétriques. A noter que l'on retrouve parfois en circulation des dioptases bleues, qui sont en fait des "faux spécimens minéralogiques", chauffées comme les améthystes brésiliennes pour imiter les citrines. Le type de pièce que tu présentes, en épimorphose sur des rhomboèdres de calcite, a surtout été retrouvé dans des poches du 32ème niveau. Mais comme c'est une association classique (quoique la tienne est vraiment magnifique!), rien n'est moins sûr, et elle peut venir des 2 niveaux juste au dessus. J'espère que l'on verra passer d'autres associations (avec cérusite, duftite, bayldonite, gartrellite, conichalcite, malachite, wulfénite, planchéite voire minrecordite ou molybdofornacite...)!
  7. De rien, Jojo! Ça m'a beaucoup amusé de rédiger l'introduction de cet article, et j'espère que les participations seront nombreuses! (Ça nous change des demandes d'identification de cailloux trouvés dans le jardin du voisin et autres météorites tombées sur la terrasse...) Il était temps de faire un rappel de vaccin au forum minéralogie! J'aimerais que ce post devienne une sorte de référence francophone sur ce monstre minéralogique qu'est Tsumeb. Ça m'a donné envie d'écrire d'autres topos dans le futur (j'en ferai probablement un sur la mine d'Ojuela)... Allez, pour changer des smithsonites et rester dans les carbonates, un autre grand classique: Calcite et duftite Mine de Tsumeb, Tsumeb, Oshikoto, Namibie 130x90x60 mm Rhomboèdres de calcite (comme dans les livres!) plombifère (d'où la teinte blanchâtre) et partiellement recouverts de duftite (probablement β-duftite). Association trouvée à la fin des années 70, travaux de la seconde zone d'oxydation Tsumeb est la localité type de la duftite (d'abord appelée parabayldonite par Friederich Karl Biehl en 1919, puis décrite en 1920 par Otto Pufahl, et nommée ainsi en l'honneur de Gustav Duft, directeur de l'OMEG). Cet arséniate de plomb et de cuivre ( PbCu(AsO4)(OH)) appartient au groupe adelite-descloizite, et est retrouvé chacune des 3 zones d'oxydation. La différence n'est pas toujours aisée à faire visuellement avec la conichalcite ( ‎CaCu(AsO4)(OH )) et avec la mottramite (PbCu(VO4)(OH)); il existe en effet des solutions intermédiaires (série duftite-conichalcite avec substitution du plomb par le calcium, où le terme intermédiaire est parfois appelé β-duftite ; série duftite-mottramite avec substitution du groupement arséniate par le vanadate). La duftite-α (de formule idéale PbCu(AsO4)(OH)), riche en plomb, est surtout retrouvée dans la première zone d'oxydation. La duftite de la seconde zone d'oxydation est surtout de la β-duftite (de formule théorique PbCaCu(AsO4)(OH )), riche en calcium. Il est impossible de les différencier sans analyse, et ces termes désuets (proposés par Claude Guillemin en 1956) ne sont de toute manière plus reconnus par l'IMA. Une poche exceptionnelle au 43ème niveau (3ème zone d'oxydation donc) a livré des cristaux de près de 5 mm (un record pour l'espèce) associés à du quartz, de l'adamite, et de la malachite (Gebhard)... Les pseudomorphoses (duftite après mimétite dans la première zone d'oxydation) et périmorphoses (duftite sur ou après calcite, dolomite ou tennantite, dans la seconde zone d'oxydation) sont assez classiques.
  8. Merci Nathalie! Tu m'as convaincu, ne reste plus qu'à se le procurer, et vu son succès, tout comme le tome II, ça va être coton sur le net (quoi que je l'ai vu hier soir en vente sur le site d'un libraire à Hong Kong)!
  9. Géode de Calcédoine Mines de phosphates de Gafsa, région de Gafsa, Tunisie 105x75x60mm
  10. Donc cobaltosmihtsonite sur tsumcorite, sur tennantite et pyrite, voilà donc un spécimen déjà très sympathique qui en devient encore plus sympathique! Quant aux sphérules, comme dit le vieux proverbe, "quand on ne sait pas, il y a souvent de la mimétite par là!" (bon d'accord je viens de l'inventer pour l'occasion...) Tu parles de l'ouvrage de Ludwig von Bezing, "Namibia : Minerals and localities" j'imagine. C'est le tome I ou le tome II? J'hésitais à me le procurer, il vaut le coup? Tsumeb y est bien représentée? Ou cela parle-t-il beaucoup du reste de la Namibie? Sur ce on change encore de couleur: Smithsonite Mine de Tsumeb, Tsumeb, Oshikoto, Namibie 83x58x40mm On avait pas encore fait dans la blancheur immaculée... Au verso, on devine plusieurs générations de smithsonite avant la dernière incolore, avec notamment une première bleu clair (cuprosmithsonite). Un petit peu de malachite pour accompagner le tout, sur une matrice de quartzite (pour changer des sulfures)...
  11. On reste dans les smithsonites, mais on change de couleurs... Smithsonite Mine de Tsumeb, Tsumeb, Oshikoto, Namibie 70x65x40mm La couleur rouge est assez atypique. Inclusions d'oxydes de fer? Ou d'un arséniate de fer (carminite, "signant" alors la seconde zone d'oxydation?). Les points blancs sur la photo sont en fait des réflexions lumineuses... L'éclat "vitreux, perlé" des smithsonites! Le verso de la concrétion, de couleur plus sombre. Le corps est constitué de smithsonite massive, comme on le voit sur la tranche.
  12. J'aime beaucoup, Chamy, c'est un spécimen très riche, très coloré. Les cérusites parfois maclées y sont très sympathiques, de même que les mimétites "gemmes"! En sais-tu plus, à tout hazard, sur son origine dans la mine ou sur son année approximative de découverte?
  13. Bonsoir! Des petits airs de rosasite pour le 1 par la couleur et la cristallisation botryoidale... Mais la malachite colle aussi (on devine un voile de quartz microcristallisé qui a pu altérer la couleur d'origine).
  14. La forme des cristaux, aux arêtes "tranchantes", rappelant les rhodochrosites, évoquerait plutôt les trouvailles tardives des niveaux inférieurs de la mine (3ème zone d'oxydation) s'ils tendaient plus sur le saumon (mangano) que sur le rose (cobalto). La pyrite n'est pas forcément un bon marqueur, elle est ubiquitaire à Tsumeb, sous forme microcristallisée comme ici; ce sont les cristaux bien exprimés qui sont rares (déficit en fer du dépôt)! Et qui dit peu de sulfure de fer dit hélas aussi peu de minéraux secondaires (d'où la rareté des magnifiques scorodites et carminites!). C'est une super idée que de mettre des photos recto-verso avec la matrice, çà permet de comparer nos échantillons par rapport aux trouvailles répertoriées, et d'essayer de préciser leur origine! Je vais essayer de le faire systématiquement quand je posterai. Moi ce qui m'interpelle sur cette photo, c'est le mineral brun entre les cristaux de smithsonite... Beudantite? Sidérite? Ça vaudrait le coup de regarder de plus près! J'ai d'autres couleurs de smithsonites plus étonnantes encore en réserve. J'attends un peu d'autres participants pour ne pas avoir l'air de monopoliser ce fil. (Nous ne sommes tout de même pas les 2 seuls collectionneurs français de Tsumeb??!!) Cette pièce est un régal pour les yeux, félicitations!
  15. On change de couleurs... Cuprosmithsonite (et quelques cristaux de mimétite, jaunes) Mine de Tsumeb, Tsumeb, Oshikoto, Namibie 70x55x48mm
  16. Merci cher Otto pour ce reportage et ces photographies de magnifiques trésors alpins! Et j'espère vivement d'autres images des merveilles de Munich en réserve comme vous nous y avez habitués!
  17. Ce schéma est très intéressant (je l'ai épinglé depuis ta publication dans mes liens google). Mais il comporte des erreurs dans les sulfosels: Au lieu de berthierine (qui existe, mais appartient à la famille des serpentines et ne contient pas de plomb; à ne pas confondre avec la berthiérite qui est bien un sulfosel mais... de fer), il faut lire Jamesonite. Moins génant, freislebenite au lieu de freieslebenite. Idem à la place de betechtinite (ancienne acceptation) il faut lire betekhtinite . Merci en tout cas, avec 2 mois de retard, pour ce reportage; cette édition 2019 était un excellent cru, dont j'ai ramené quelques trésors et des étoiles plein les yeux... Jeando
  18. Et un magnifique spécimen de ce sulfosel, d'habitude rarement esthétique... Berthiérite et calcite Mine Herja, Chiuzbaia, Baia Mare, Maramureș, Roumanie 115x110x84mm
  19. Bonjour. Section d'un rostre de bélemnite.
  20. Un autre spécimen, assez proche de celui d'Icarealcyon. Seconde zone d'oxydation, découverte des années 70. Smithsonite (var. cobaltosmithsonite) Mine de Tsumeb, Tsumeb, Oshikoto, Namibie 95x60x25mm Au dos, matrice de galène altérée
  21. Déjà postée sur le fil Namibie, mais je l'aime beaucoup celle là... Elle provient des travaux de la première zone d'oxydation, début du XXème siècle. Smithsonite (var. mangano) sur Tennantite et Pyrite 108x67x40mm Mine de Tsumeb, Oshikoto, Namibie Une photo du verso, avec de la pyrite microcristallisée à la surface de la tennantite massive
  22. Une petite nouvelle, (trouvée dans le grenier d'un très gentil monsieur qui vendait des jumbos et était passé par là bas dans les années 70... La pièce a été récoltée en douce car il était interdit de sortir quoi que ce soit sans l'aval des autorités à l'époque). Après un bain de dithionite et un passage au bac à ultrasons, la voici! Quartz (faciès trapu typique) et sphalérite Mine Herja, Chiuzbaia, Baia Mare, Maramureș, Roumanie 100x75x30mm
  23. Très joli spécimen! L'identification cobalto (pour les variétés rose pâle) ou mangano (pour les couleurs plus saumonées), termes souvent utilisés même par les marchands internationaux les plus réputés, est en fait purement théorique, souvent sans analyse associée (Idem pour les appellations "cadmium" pour les couleurs jaunes, on en reparlera sûrement dans le futur). Les smithsonites roses ont été retrouvées dans chacune des trois zones d'oxydation: Dans les niveaux supérieurs, les mineurs allemands appelaient la smithsonite "Zinkschale" au début du XXème siècle. Si les exemplaires de cette première zone sont souvent des agrégats mamelonnés, d'un blanc cassé tendant parfois vers le jaune "sale" (souvent constellés de petits cristaux de mimétite pour les quelques exemplaires de la Colline verte qui ont survécu de nos jours), quelques poches colorées très sympathiques ont été retrouvées. Ton exemplaire, au lustre satiné et aux rhomboèdres modifiés, provient probablement de la seconde zone d'oxydation; de multiples poches y ont été découvertes dans les années 70. Tu as raison, la matrice est probablement constituée d'un carbonate de plomb altéré (j'ai moi aussi un spécimen de "cobalto"smithsonite que je posterai un de ces 4 sur une gangue de galène). Enfin des cristaux magnifiques, rhomboèdriques, à la couleur tendant plus sur le rouge (ils rappellent par leur habitus certaines rhodochrosites péruviennes), variété "mangano", sur une matrice de tennantite/germanite/pyrite, ont été découverts dans la troisième zone d'oxydation (entre les 45ème et 47ème niveaux); ils y sont parfois associés à des cristaux centimétriques de chalcocite (les plus beaux trouvés à Tsumeb, d'après Ghebard).
  24. Merci à tous pour vos retours! Ce sujet me tenait vraiment très à cœur, et je m'étonnais de ne trouver que si peu de documentation en français sur cette mine emblématique, Graal de la minéralogie mondiale pour moi et tant d'autres! Cela n'est qu'une introduction à la minéralogie du site, et j'espère que ce sujet s'étoffera de nombreuses contributions. Nous posterons nos échantillons et échangerons sur ce fil pendant de nombreuses années encore, je le souhaite, au sujet de ces minéraux dont nous apprenons tous les jours un peu plus!
  25. I – Un peu d’histoire… Il était une fois… une colline verte Le mot Tsumeb dérive du mot herero « Otjisume » (qui signifierait « le lieu des mousses »), référence peut-être à la couleur verte du premier affleurement teinté de malachite et autres oxydes de cuivre qui existait à l’époque ; à moins que ce ne soit en raison du caractère très instable du sol (de par sa nature karstique) risquant de s’effondrer à tout moment… Ce lieu était donc déjà connu avant l’arrivée des premiers européens par les Damaras et les Buchimans, qui en extrayaient de la surface du minerai de cuivre afin de le fondre et de commercer avec les Ovambos voisins. Le site ressemble à cette époque à une colline verte (« the Green Hill ») de 180 mètres de long, 40 mètres de large et 12 mètres de hauteur. "The Green Hill", vers 1900 L’arrivée des européens En 1851, Sir Francis Galton, un explorateur anglais, séjourne près du lac Otjikoto (situé à 20km à l’ouest de Tsumeb) et rencontre des Buchimans qui transportent du minerai de cuivre ; sans savoir d’où ce dernier provenait, il mentionne pour la première fois dans son journal la présence de mines potentielles en Namibie. Le premier spécimen minéralogique connu attribué à la mine de Tsumeb, un morceau de cuprite rapporté par un navigateur, est daté de 1860. Will Jordan, un chasseur d’éléphants, achète les terres avoisinantes en 1885 au chef de la tribu Owambo (pour 300 livres, 25 pistolets, un cheval et un tonneau de brandy…) ; malheureusement pour lui, il est assassiné l’année suivante. Le sud-ouest de l’Afrique étant devenu un protectorat allemand, la concession des futures mines de cuivre d’Otavi est accordée à la South West Africa Company, britannique, à la condition qu’elle développe port et voies ferrées, et organise un programme de prospection minière. Un premier lot de minerais de Tsumeb est ainsi envoyé pour analyses au Musée de Berlin en 1887. Le responsable de ce programme, un certain Mathew Rogers, est le premier européen à arriver à Tsumeb le 12 janvier 1893 ; il écrit alors cette phrase prophétique : « je n’ai jamais vu un tel spectacle qu’à (…) Soomeb (sic) et doute beaucoup si j’en verrai un tel dans une autre localité »... En 1900, en manque de liquidités, la South West Africa Company contacte les banques allemandes pour fonder la Otavi Minen- und Eisenbahn- Gesellschaft (OMEG). Les opérations d’installation débutent en août de la même année. Un certificat d'actions de l'OMEG La ville de Tsumeb est fondée en 1905, attirant les Ovambos voisins embauchés comme premiers mineurs. En 1906 est décrite la toute première espèce propre à Tsumeb, un carbonate de cadmium, l’otavite. La mine est raccordée au lac Otjikoto voisin par une canalisation en 1907, et peut (enfin !) entrer en activité au mois d’avril. La colline verte est progressivement et entièrement rasée, et l’exploitation des premiers niveaux, la première zone d’oxydation, se fait à ciel ouvert, notamment grâce à deux grands rails inclinés, appelés « Himmelsleiter » (« Echelle de Jacob »). On atteint le 6ème niveau en 1914, et l’on devine que le minerai s’étend beaucoup plus loin en profondeur, quand débute la première guerre mondiale, mettant la production à l’arrêt. Coupe de la mine vers 1914, d'après Hans Schneiderhöhn C'est un panorama de la première zone d'oxydation, sans la Colline Verte, qui a déjà disparu... L’entre-deux guerres La reprise des activités est assez difficile après la déroute de l’armée allemande à Khorab en 1915 (qui abandonne tout son armement dans le lac Otjikoto). Le « Puit Numéro Un » est construit en 1922 (il sera plus tard rebaptisé « Puit Friederich Wilhelm » en l’honneur de F.W. Kegel, directeur de la mine à l’époque) et descend alors jusqu’au 8ème niveau. Le Puit Friederich Wilhelm C’est justement en visitant ce 8ème niveau le 10 décembre 1929 que Sam Gordon, un minéralogiste américain de Philadelphie, a l’immense chance de de découvrir le jour- même l’une des plus extraordinaires poche d’azurite de l’Histoire, dont il partagera des échantillons avec Kegel ; la « Gordon/Kegel Pocket » marque vraiment le début de la célébrité minéralogique de Tsumeb dans le monde. Kegel fut un collectionneur compulsif de Tsumeb jusqu’à sa mort, tout comme Wilhelm Klein avant lui (précèdent directeur de la mine, et à qui l’on doit dès les années 20 les premières photographies de spécimens !) ; la collection de Kegel fut remarquable par sa grande qualité et par le fait qu’il répertoriait systématiquement le niveau exact de chaque découverte (ce qui nous est encore fort utile de nos jours pour comprendre la minéralogie de la première zone d’oxydation) ; elle fut cédée à sa mort à la Smithsonian Institution pour 3800 dollars de l’époque (1 tonne et demi d’échantillons tout de même !), où elle peut toujours en partie être admirée aujourd'hui. F.W. Kegel Le « Puit Friederich Wilhelm » atteint le 16ème niveau en 1931 lorsque la grande dépression (et la chute du cours des minerais qui s’ensuit) interrompt de nouveau l’exploitation; il faudra attendre 1937 pour que les activités reprennent. Les mineurs travaillent au 20ème niveau en 1939 lorsqu’éclate la seconde guerre mondiale ; les biens de l’OMEG sont saisis en 1940 par l’Union d’Afrique du Sud et les opérations minières sont suspendues jusqu’en 1946. L’après-guerre La mine est vendue en 1947 à la Tsumeb Corporation Limited, un consortium américain, britannique, et sud-africain qui l’exploitera pendant toute la seconde moitié du XXème siècle. Ce changement de propriétaire implique tout un programme d’expansion des activités minières et de la ville. Les études géologiques ayant prouvé que le dépôt s’élargissait en profondeur, il est décidé de creuser un nouveau puit jusqu’au 30ème niveau (1006 mètres sous la surface), le puit De Wet, inauguré en 1949 ; il n’est réellement mis en activité qu’en 1953, remontant tout d’abord uniquement des déblais stériles, jusqu’à ce que la zone minéralisée soit atteinte en 1957 ; avec une grande surprise, on constate que le minerai y est très oxydé, la roche très fissurée et infiltrée d’eau… On vient de découvrir la seconde zone d’oxydation ! Cela implique par ailleurs l’installation de nouveaux générateurs électriques et pompes hydrauliques afin d’évacuer les énormes quantités d’eau présentes à cette profondeur. Le Puit De Wet De nouvelles usines de traitement sont également construites à cette époque, l’extraction des métaux à partir du minerai polymétallique, riche en sulfures et oxydes, ayant toujours été complexe à Tsumeb (en particulier pour ce qui est du zinc) ; un circuit de flottation est installé en 1954 pour récupérer le germanium ; de nouvelles fonderies dédiées au cuivre et au plomb sont construites entre 1959 et 1960. Coupe de la mine vers 1955, d'après Strunz et al. On vient d'atteindre la seconde zone d'oxydation. Les années 60 et 70 On atteint le 34ème niveau au milieu des années 60 et les forages indiquent que la masse de minerai s’étend au moins jusqu’à la profondeur de 1326 mètres (40ème niveau). La production culmine à 733 000 tonnes de minerai durant l’année 1965 (le record de l’exploitation), mais des problèmes d’éboulement (notamment en 1967 et en 1974), liés au caractère karstique de la roche engainante, viennent compliquer les choses. On commence donc à cette époque à mécaniser l’excavation, permettant d’atteindre un nouveau pic de production de 433 000 tonnes en 1974, tandis que l’on creuse au 38ème niveau (1274 mètres de profondeur). Les années 70 sont l’âge d’or des dioptases, découvertes dans la seconde zone d’oxydation, entre les 29ème et 35ème niveaux, avec de nombreuses poches pouvant parfois mesurer plusieurs mètres de large; j’en reparlerai très probablement plus tard quand nous posterons les photographies de nos spécimens sur ce fil, la documentation de ces poches étant assez fournie à cette époque. Pour Charles L. Key (1996), la valeur marchande des dioptases trouvées à cette époque « devance celle de tous les autres minéraux trouvés à Tsumeb, loin devant celle des azurites »… Les années 80 et 90 Coupe de la mine vers 1980, d'après Lombaard et al. La troisième zone d'oxydation n'y figure pas encore, elle ne sera atteinte que vers -1450m. Mais tout à une fin… Tsumeb Corporation Limited est vendue en 1988 à Gold Fields South Africa Limited, la fonderie de plomb ferme en 1994. Tandis que les mineurs doivent creuser de plus en plus profondément, la qualité du minerai s’appauvrit, les coûts du pompage augmentent… Et puis les cours du minerai s’effondrent au milieu des années 90. On délaisse les niveaux inférieurs, et les travaux continuent un peu dans les niveaux supérieurs (permettant ainsi encore la découverte en 1994 au 8ème niveau de la dernière « grosse » poche de cristaux d’azurite, la célèbre Easter Pocket). La dernière belle découverte minéralogique a lieu en février 1996 (une poche de cérusites rougies par des inclusions de chalcotrichite, sur un lit de malachite…) Des grèves éclatent à l’été 1996, les pompes sont mises à l’arrêt, provoquant l’inondation des niveaux inférieurs. Au moment de la fermeture en août 1996, la mine s’enfonçait jusqu’au 48ème niveau (1650 mètres de profondeur). Près de 25 millions de tonnes de minerai auront été extraites durant l’histoire de Tsumeb (dont 2.8 millions de tonnes de plomb, 1.7 millions de tonnes de cuivre, 0.9 millions de tonnes de zinc et 80 tonnes de germanium)! Après la fermeture Gold Fields South Africa Limited fait faillite en 1998. Au début des années 2000, la Haute Cour de Namibie autorise une entreprise locale, Ongopolo Mining and Processing Limited, à reprendre l’exploitation de Tsumeb et des mines avoisinantes (Khusib Springs, Otjihase, Kombat), et surtout de la fonderie de cuivre. Les niveaux supérieurs de la mine sont brièvement à nouveau exploités, surtout à la recherche de spécimens de collection, sans grand succès hélas (on ne découvre que quelques poches d’azurite de qualité lapidaire), jusqu’à la fermeture définitive en 2008… L’histoire de Tsumeb est néanmoins loin d’être terminée ! Si aucun échantillon ne sort plus de terre, l’inventaire de l’incroyable quantité et diversité des spécimens récoltés continue de nous émerveiller ; plus de 50 nouvelles espèces ont ainsi été décrites depuis la fermeture en 1996, et les publications se poursuivent ! 318 espèces différentes y ont été répertoriées au jour de la rédaction de cet article (d’après mindat), dont 72 dont elle est la localité-type, et une cinquantaine qui n’ont été inventoriées qu’à cet endroit ! A ce jour (2019), le puit De Wet surplombe toujours la rue principale de la ville, et la fonderie de cuivre (propriété maintenant de Dundee Precious Metals) est toujours en activité, traitant des minerais provenant de Namibie et d’autres pays africains… Ailleurs en Namibie dans les monts Otavi, d’autres dépôts polymétalliques ont été retrouvés, par exemple à Berg Aukas (mine de vanadium, plomb et zinc, et qui a produit de superbes descloizites dans les années 70) ou encore à Khusib Springs (cuivre, plomb et zinc). Reste-t-il un autre Tsumeb à découvrir ? Souhaitons-le de tout cœur ! II- Un peu de géologie… Structure Le dépôt minier prend la forme d’un tuyau très étroit qui s’étend quasi verticalement sur près de 1700 mètres. Elle suit d’abord les couches de dolomie avec un angle d’environ 50°. Puis à environ 600 mètres de profondeur le tube minéralisé oblique vers le nord, et pénètre alors quasi perpendiculairement une strate de dolomie claire, tout en s’élargissant de 25 mètres de diamètre à près de 180 mètres de long sur 80 mètres de large. A cet endroit, la section du tube montre un aspect en « fer à cheval », comportant deux veines de minerai massives, deux lentilles, contenant près de 30% de métal, l’une au nord (constituée de sulfures de plomb et de zinc) et l’autre au sud (comportant plomb, zinc et cuivre). L’espace entre ces deux veines est constitué de dolomie claire bréchifiée. Le reste du tube est constitué d’un grès feldspathique (« pseudo-aplite »). A une profondeur de 1100 mètres, le dépôt se rétrécit et plonge vers le sud. A 1300 mètres, il s’élargit de nouveau et oblique vers le nord, prenant la forme cette fois-ci d’une unique lentille de minerai jusqu’à 1800 mètres. Formation du tube La mine de Tsumeb est exceptionnelle de par la diversité et l’abondance des minéraux produits, contenant cuivre, zinc, plomb, arsenic, fer, cobalt, antimoine, molybdène, germanium, gallium, argent, cobalt, vanadium, étain, nickel, mercure… La géologie du site a été étudiée scientifiquement dès les années 60 (Söhnge, 1964). Tsumeb est située sur la bordure nord d'un vaste synclinal du massif des monts Otavi au nord-est de la Namibie, au milieu d’affleurements de dolomie noire. Ce synclinal est-ouest explique la très forte inclinaison des bancs de dolomie vers le sud (jusqu'à l'inversion rencontrée dans la seconde zone d'oxydation). La formation du dépôt minéralisé a longtemps été une énigme géologique, jusqu’à l’hypothèse d’une origine karstique. Tsumeb se trouve en effet dans une épaisse couche (jusqu’à 6700 mètres) de roches sédimentaires carbonatées, principalement constituées de dolomie (stromatolithique et oolithique) et de calcaire, et recoupées d’horizons schisteux et de mudstone. Ces roches se sont formées au néoprotérozoïque, et se décomposent ainsi: Groupe Mulden, comportant la formation Tschudi (grès feldspathiques, argilites, conglomérats, grauwackes) où se situait la "Colline Verte". Groupe Otavi, comportant: -la formation Huttenberg (dolomie avec lentilles de calcite) jusqu'à 1000 m de profondeur. -la formation Elansdshoek (dolomie) au-delà et jusqu'à la plus grande profondeur atteinte par les sondages (1800 m). Carte géologique simplifiée de la région au sud de Tsumeb Le toit de cette couche carbonatée se serait effondré il y a 660 Ma, puis des épisodes de transgression marine au cours des 100 Ma suivantes auraient permis la dissolution du calcaire et le remplissage du tube ainsi laissé par des sédiments sableux, qui finiront par se recristalliser en quartzite. Dans le même temps, il y a 650 Ma, débute l’orogenèse de la chaîne des Damaras, avec un rapprochement des deux cratons du Congo et du Kalahari, et l’initiation de phénomènes hydrothermaux ; ainsi à partir de 550 Ma, la percolation du puit par des fluides chauds et riches en éléments chimiques permet sa minéralisation. Minéralisation du dépôt Les précipitations très abondantes dans cette région au climat subtropical (600mm par an) ont permis la dissolution partielle des roches carbonatées jusqu’à d’importantes profondeurs. Par ailleurs, le développement du tube minéralisé a comme on l’a vu été la résultante de phénomènes hydrothermaux, avec des fluides chauds riches en éléments chimiques ; ces fluides ont emprunté les lignes de fracture et les failles, il y a environ 550 millions d’années, rencontrant les roches carbonatées, les fracturant, les imprégnant de solution saturée, permettant leur bréchification. Les principaux constituants du minerai primaire, hypogène, sont donc des sulfures : bornite, tennantite, chalcocite (avec des masses de plusieurs de dizaines de mètres cubes), galène, énargite (surtout dans les niveaux supérieurs), et sphalérite. On retrouve également un peu de pyrite, souvent microcristalisée (malgré la richesse et la diversité des métaux, le tube était relativement déficient en fer), et un peu de germanite et de reniérite (minerais de germanium). On observe enfin un peu d’argent (notamment dans la tennantite, principal minerai argentifère de la mine, dont le contenu en argent croît avec la profondeur), et très peu d’or (dans la chalcopyrite, sulfure présent en faible quantité à Tsumeb). En raison de la nature karstique du sol, et contrairement à la plupart des dépôts miniers, le niveau des eaux souterraines n’est pas constant à Tsumeb, ce qui explique la grande variété des minéraux secondaires observés. L’eau s’écoule à travers les interstices et les cavités dans la roche, infiltrant le minerai primaire constitué de sulfures, en dissolvant certains éléments (la sphalérite en premier, les sulfures de cuivre ensuite, tandis que la galène est pratiquement insoluble). Après cette dissolution peut commencer l’oxydation des minéraux mis en solution, des sulfures en sulfates, des arséniures (comme la tennantite) en arséniates et arsenites. Les eaux météoriques interagissent également avec les roches carbonatées, permettant l’apparition de carbonates (azurite, malachite, smithsonite, cérusite). Par endroits, la dissolution des minéraux secondaires permet de nouveau la précipitation vers les profondeurs d’éléments natifs comme le cuivre (ce qu’on appelle la cémentation)… La cristallisation des minéraux secondaires va dépendre de conditions physiques (température) et chimiques (pH, concentration)… L’incroyable diversité et abondance des minéraux de la mine de Tsumeb n’aurait pas pu exister sans l’existence de ses trois zones d’oxydation, s’étirant verticalement le long du dépôt : La première zone d’oxydation, entre la surface (la colline verte) et le 11ème niveau (350 mètres de profondeur), est liée aux fluctuations de la nappe phréatique. On y a donc trouvé les plus belles azurites, les rarissimes otavites, les pseudomorphoses de mimétite en bayldonite et autres arséniates de cuivre… La seconde zone d’oxydation, entre les 24ème et 35ème niveaux, est liée à l’intersection du tube avec une fracture appelée « Zone de Faille Nord » (North Break Zone) au 29ème niveau. C’est l’étage des importantes découvertes de dioptases, de cérusites maclées en « flocons de neige » (trouvées dans la galène de la lentille sud, aux 25ème et 26ème niveaux), de la plupart des belles wulfénites caramel… La troisième zone d’oxydation s’étend entre les 42ème et 48ème niveaux ; ce fut une grande surprise vers la fin de l’exploitation de découvrir des minéraux oxydés à une telle profondeur, et l’on suppose que cette oxydation résulte d’un apport d’eau par une fracture karstique ou tectonique qui la relie à la Zone de Faille Nord. Le minerai y est assez riche en germanium, et elle est réputée pour sa minéralogie quelque peu étrange mais néanmoins sympathique (ludlockite, leiteite, legrandite, paradamite, « Zinc Pocket »…). III- Et beaucoup de minéralogie ! Pour reprendre la classification de Strunz, sur les quelques 318 espèces décrites à Tsumeb (ce chiffre augmente très régulièrement), 30% environ appartiennent à la classe des phosphates, arséniates et vanadates. Puis viennent par ordre décroissant d’occurrence les sulfures, les oxydes, les sulfates, les carbonates, les silicates, les éléments natifs et les halogénures (deux espèces seulement pour ces derniers, fluorine et prosopite). J’en profite pour conseiller l’excellentissime livre Tsumeb – a Unique Mineral Locality de Georg Gebhard (édition originale en allemand, réédition de 1999 en anglais agrémentée de nouvelles photographies, souvent appelé Tsumeb II), hélas assez difficile à se procurer de nos jours (presque aussi dur que de se dénicher une jolie ludlockite...). Et quelques pages à savourer : http://www.tsumeb.com/en/ , site très bien construit et complet autour de la minéralogie, enrichi de nombreuses références scientifiques. http://www.williampinch.com/tsumeb , présentant la collection du regretté W. Pinch, qui eut la chance de posséder nombre d’espèces rares et esthétiques, dont le célèbre spécimen holotype d’andyrobertsite ; au passage une vidéo de Bluecapproductions qui présente ses collections : Je tenais encore ici à remercier Icarealcyon et Lucailloux, membres de Géoforum, pour leurs précieux conseils. Mais plutôt qu’un long monologue rébarbatif (j’ai déjà beaucoup parlé), j’invite tous les passionnés et les curieux à poster sur ce fil leurs échantillons personnels. Nous essayerons au fur et à mesure de partager nos connaissances de la minéralogie de Tsumeb. Il y a tant à dire… Alors, en piste !
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