michele guinet

Les oiseaux ne sont pas les fils des dinosaures ! Croire que les oiseaux sont issus des dinosaures est une erreur qui a son origine dans des conclusions hâtives, dans la méconnaissance des oiseaux et qui, popularisée par les médias, a bénéficié du parti-pris et de la mauvaise foi. Des conclusions hâtives: Quand en 1861 on découvrit l'empreinte d'une plume identique à une plume d'oiseau, on appela ce fossile archaeopteryx (plume-ancienne), mais ce nom fut étendu aux fossiles emplumés découverts par la suite. Et cela bien que leurs plumes soient différentes de la plume isolée. La plume étant considérée comme la caractéristique des oiseaux, on fit de l'archaeopteryx un oiseau primitif. Quand plus tard, l'américain Ostrom montra que le squelette des archéopteryx était semblable à un squelette de dinosaure théropode, on fit de ces dinosaures les ancêtres des oiseaux. Un dinosaure bipède aurait acquis des ailes en courant en battant des bras (revue Pour la Science, avril 1998) Mais, nous savons maintenant, grâce aux gisements du Liaoning: que des oiseaux ont coexisté avec des dinosaures à plumes (La Recherche janv. 2006), que ces dinosaures à plumes étaient incapables de voler, et que la plume a précédé le vol. Une méconnaissance des oiseaux: La complexité des plumes et du vol, ont échappé aux paléontologues. Non seulement la course ne peut mener au vol (elle s'accompagne de mouvements alternes des bras alors que le vol demande des mouvements synchrones) mais il ne faut pas confondre prolongement de chute (écureuils volants) et vol plané (vautours). Le vol plané est acquis, le vol battu est inné. Les jeunes, au nid, battent des ailes pour solliciter leur nourriture, ils quittent le nid en battant des ailes (vautours compris) Le vol ce n'est pas seulement des ailes mais aussi tout un organisme (cœur, poumons, cerveau,…). Les plumes ne servent pas qu'au vol, elles assurent l'homéothermie et participent à la reproduction (parades nuptiales). Apparues comme protection, les plumes se sont différenciées en devenant parure, puis les plumes de la main se sont allongées pour compenser la régression des doigts liée à la bipédie. Enfin le vol a été découvert en milieu forestier en sautant de branche en branche. Les barbules des plumes sont indispensables au vol, elles assurent la cohésion entre les barbes ; les autruches n’en ont pas, et apparemment les dinosaures à plumes. Un parti-pris: Des fossiles ont été volontairement négligés: la plume isolée (de 1861) et surtout Cosesaurus aviceps (lézard emplumé bipède du Trias moyen, découvert en 1974); celui-ci montre que l'origine des oiseaux remonte au moins au Trias. Et la mauvaise foi: De même que pour construire un pont, il faut connaître les deux rives, il était normal de bien connaître oiseaux et dinosaures pour parler de l'origine des oiseaux. Mais les non-paléontologues ont été sciemment écartés, et une bonne connaissance des oiseaux n'a pas été exigée. Il en est résulté des erreurs grossières (un stade à 4 ailes ayant précédé les oiseaux !), mais surtout, de nombreux arguments (action de l'environnement, sélection sexuelle, apport de l'anatomie comparée et de la génétique,..) ont été écartés. On en est même venu à créer un faux chaînon manquant l'Archaeoraptor mi-dinosaure, mi-oiseau. Vendu à prix d’or avant d’être démasqué. L'importance des médias. L'intérêt porté par les médias aux dinosaures a contribué grandement au succès de la théorie dinosaurienne. On a prêté à ces animaux une disparition brutale et des qualités qu'apparemment ils n'avaient pas, car absentes chez les reptiles actuels: température constante, activité continue, couvaison des œufs,…Mais les contraintes du vol sont telles que les premiers oiseaux n'ont pu être que de très petite taille, et qu'ils ont dû avoir un cerveau bien développé ce qui n'est pas le cas des dinosaures au cerveau très réduit par rapport à leur poids (un Triceratops de 6 tonnes et long de 9 mètres aurait eu un cerveau pesant 3oo grammes). Mais Cosesaurus avait déjà un crâne arrondi comparable au crâne d’un merle actuel. M.Pomarède* (août 2007) Les erreurs commises. On a cru que la plume était due à la transformation de l'écaille des lézards mais par son origine profonde elle s'apparente au poil (apparu à la fin de l’Ere primaire) et une origine commune du poil et de la plume est très vraisemblable. Le fait que la plume a précédé le vol, confirme cette hypothèse. On a cru que la plume était un caractère propre aux oiseaux, et on a donc fait de l'archaeopteryx un oiseau. Mais on sait maintenant que des reptiles ont pu avoir des plumes (les dinosaures à plumes) ou des poils (les reptiles volants ou Ptérosauriens). Cela suppose une lointaine communauté d'origine: mammifères, dinosaures et oiseaux seraient issus d'un même groupe de petits reptiles qui auraient vécu à la fin de l'Ere primaire. D'où les nombreux caractères communs aux oiseaux actuels et aux mammifères. On a méconnu les impératifs du vol: nécessité d'un poids réduit et de mouvements synchrones des ailes. Le saut a précédé le vol ; les mouvements qui l'accompagnent se retrouvent dans l'essor et le vol battu est inné alors que le vol plané est acquis. On a négligé l'étude des oiseaux (anatomie, comportement, répartition). La remarquable adaptation au vol de tout leur organisme n'a pu demander qu'énormément de temps pour son acquisition. L'homogénéité exceptionnelle de la classe des oiseaux suppose leur apparition dans un milieu protégé et longuement constant (ce qui est le cas de la forêt tropicale) On n'a pas tenu compte de l'importance des variations de l'environnement L'acquisition des rudiments de plumes pouvant être induite par une période froide du Permien. La sécheresse du Trias ayant pu inciter aux déplacements rapides (développement de la course bipède et avec elle de la régression des bras). L’apparition des plumes grâce à la bipédie et au milieu forestier, a conduit aux oiseaux. Le climat chaud du Jurassique, favorable à la forêt tropicale ayant incité les ancêtres des oiseaux, à s'y réfugier… On a même oublié Darwin. En méconnaissant l'importance de la sélection sexuelle chez les oiseaux, alors qu'elle expliquerait l'apparition du plumage. En négligeant la possibilité pour un organe d'être récupéré pour un nouvel usage. Les oiseaux ont récupéré pour le vol les plumes, la bipédie et l'adaptation au saut, les mouvements synchrones des bras, et même les œufs (perfectionnés et inclus dans la nidification) ... Maurice Pomarède : Ornithologue, agrégé de l'université, enseignant-chercheur. Officier des palmes académiques et du mérite agricole, officier de l'ordre national du mérite, responsable de la recherche à la Confédération Ornithologique Mondiale,… maurice.pomarede@orange.fr