Bonjour à tous et toutes!
Retour impromptu sur ce forum 10 ans après mon dernier passage...
Beaucoup plus actif en minéralogie qu'en paléontologie.. je reviens en quête d'expertise ou du moins en demande d'aide à l'identification de fossiles d'élasmobranches vertacomicoriens...
N'étant absolument pas spécialiste de la question, et voyant dans vos sujets l'étendue des savoirs de certains et la complexité des problèmes d'identification, j'ai pris le temps de livrer ici le maximum d'informations et de photographies dont je dispose dans l'espoir que vous puissiez mieux m'orienter dans ma démarche d'identification..
Mais peut-être que les photographies suffisent à certains et ne nécessitent pas la lecture suivante!
Quoi qu'il en soit..
Il y a une dizaine de jours j'ai fait la découverte fortuite en Vercors septentrional à proximité de Grenoble de dents de requins fossiles ou autres élasmobranches, ainsi que de diverses autres dents de poisson, sparidés et varia, accompagnés d'autres microfossiles..
Si ce côté du Massif du Vercors a pu donné de nombreux fossiles issus de sites historiques tels que ceux de la Fauge ou de Rencurel il semble qu'il soit relativement pauvre en nombre de gisements concernant les élasmobranches...
L'étage fossilifère renfermant les fossiles vus dans les photographies qui suivent se révèle à la fois extrêmement mince mais aussi extrêmement riche. Sa pétrographie apparaît particulièrement contrastée par rapport aux étages inférieurs et supérieurs beaucoup plus typiques des calcaires à patine grise du Vercors. Il se reconnaît à une couleur ocre très marquée ainsi qu'à la présence en son sein de nombreux quartz roulés, graviers polis, et autres éléments divers incrustés "dans la pâte".
La couche, très fine, va d'une épaisseur infra centimétrique jusqu'à 4 cm de puissance environ. Elle se désolidarise facilement des deux couches encaissantes. Si elle ne comporte pas d'argile libre au sens strict, on peut néanmoins observer des discontinuités et parfois des vides millimétriques permettant relativement facilement de désolidariser par plaques les couches les unes des autres...
J'ai déjà passé de nombreuses heures à feuilleter la littérature historique sur le sujet, quelques thèses ou rapports traitant de la géomorphologie ou de la stratigraphie des zones proches du secteur concerné, ainsi que les cartes géologiques disponibles..
Pour l'instant je ne dispose pas d'un avis définitif sur la question..Cénomanien? , Turronien?
Néanmoins en toute probabilité, il se peut bien qu'il s'agisse d'un site fossilifère que l'on pourrait dater de l'Albien, de type "Gault". La strate en question serait donc une sorte de béton phosphaté gréso-glauconieux.. si les rares sites fossilifères connus en Vercors comme en Chartreuse sont souvent des reliques de peu d'amplitude en terme d'étendue, l'on à faire ici à une simple lentille de quelques mètres, perchée horizontalement au sommet d'un gendarme de pierre presque détaché de la falaise dont il fait partie.. le caractère très découpé et aérien de l'environnement immédiat empêche peu ou prou la prospection pédestre pour retrouver la trace et la continuité de cette très fine bande ocre invisible à quelques mètres..
La découverte de cette petite lentille s'est fait donc de façon totalement aléatoire ..à la faveur de la dégustation d'une bière locale sur ce curieux et vertigineux promontoire!.. grand amateur de cristaux je ne peux m'empêcher de regarder le sol.. j'ai compris immédiatement qu'il y avait là une anomalie très peu courante en Vercors.. il fallut moins d'une minute d'observation pour voir la première dent dépasser de ce drôle de faux poudingue compressé entre deux lauzes...malgré la relative dureté de la roche et ne disposant que de la pointe d'un bâton de marche j'ai pu extraire plusieurs dents sans dégâts car elles se desolidarisent assez facilement de leur support..
Riche d'une dizaine de dents je reviendrai 48 heures plus tard un peu mieux armé et c'est ainsi que en quelques heures j'ai récolté plus de 60 dents sur moins d'un mètre carré de surface.. et avec une épaisseur de sédiment fossilifère toujours aussi faible..
Toutes les dents, (tous les autres fossiles d'ailleurs dans leur diversité) se caractérisent par leur relative petite taille. La plus grande ne dépassant pas 2 cm. N'étant pas un grand chercheur de fossiles je suis beaucoup plus habitué à voir une simple contre empreinte d'ammonites d'épaisseur millimétrique et déformée par l'orogenèse ou le métamorphisme..
Découvrir ces dents de requin à l'émail intact fut vraiment une émotion esthétique importante pour moi...Mais il est possible que cette trouvaille ait aussi quelque importance quant à la paléontologie locale au vu de la richesse putative du site et de l'étage stratigraphique concerné... d'autant que toute la prospection reste à faire. D'autant plus que 15 m plus haut, j'ai trouvé au sol 2 petits fragments de ce même type de roche "bréchique" dont une montrait elle aussi une dent de requin... Il est donc bien probable qu'il y ait plusieurs affleurement de cet horizon fossilifère..
Les chutes de neige abondantes des derniers jours empêchent pour l'instant de revenir sur le site. L'ensemble de la couche a été mis de côté et stocké sur place pour pouvoir être passé au crible plus tardivement voyant la richesse en microfossiles dont la récolte ne peut se faire in situ. La faune livrée pour l'instant comporte une grande majorité de dents d'élasmobranches, un pédoncule fragmentaire, des dents de sparidés, autres dents non identifiés, des bélemnites entièrement calcitisés, un fragment de corail conique, un nodule phosphatique (crypto)coprolite, un fragment de turielle, fragment de gastropode, etc... Mais pour l'instant aucune ammonite permettant de faciliter une datation fine..
Je me suis d'ores et déjà enquéri auprès d'un spécialiste local en paléontologie qui travaille avec le Muséum d'Histoire Naturelle de Grenoble qui m'a confirmé le caractère inédit de la localité et immédiatement conseillé de produire une fiche topographique ainsi qu'une description des taxons trouvés à destination de la section paléontologie du Museum..
C'est dans cette optique et évidemment pour ma curiosité personnelle que je vous soumets les photographies suivantes à usage d'identification..
Après avoir lu un certain nombre de sujets sur ce forum je comprends bien qu'avec l'absence de racines complètes sur ces dents de squales déja prélevées l'identification doit s'en trouver probablement bien malaisée.. mais toute piste est bienvenue.. y compris toute bibliographie à consulter pour approfondir moi-même le sujet...
Merci pour la lecture et pour votre aide!