C'est une très bonne question que je suis sûr, nous sommes beaucoup à nous poser.
Ce qui est semble sûr, c'est que tous ces cristaux rouges plus ou moins épais ou en baguettes sont un minéral du groupe de la beraunite et que donc, on peut écrire sans grand risque que se sont de la "beraunite" au sens large comme on peut le faire au sujet d'une "apatite" ou d'une "agardite".
L'eleonorite a été finalement approuvée par l'IMA en 2015 après s'être appelé pendant des décennies "oxyberaunite", ne différant de la beraunite que par un état d'oxydation plus élevé d'une partie du Fer. L'article de description de ce nouveau minéral n'est pas encore publié mais le sera d'ici la fin d'année, seule un pré-publication a été éditée dans le Mineralogical Magazine en février 2016.
En tant que collectionneur de micro-minéraux, j'aurai tendance à bien apprécier la réponse de Philippe. Cela me permettrait de convertir quelques dizaines de boîtes d'échanges de "simples" beraunite en eleonorite, une espèce nouvellement décrite, en m’appuyant sur cette "expertise" mais en fait comme souvent, cela n'est pas si simple.
Rien ne permet ni d'infirmer, ni de confirmer ce que dit Philippe.
Il se peut que toutes les beraunites de cette localité soient en fait des eleonorites mais là, où je suis plus septique c'est quand il indique "..vis à vis des analyses..".
En effet, pour réussir à déterminer l'eleonorite à Fumade il a fallu avoir recours à un synchrotron pour mettre en évidence les faibles différences de maille cristalline existantes entre les deux espèces. A ma connaissance, c'est la seule confirmation diffusée à ce jour de l’identification comme "eleonorite" d'un échantillon de Fumade. Comme le dit Philippe, nous pouvons penser que, par analogie, toutes les autres cristallisations issues du bloc ayant fourni l'échantillon analysé sont de l'eleonorite mais ce n'est bien sûr qu'une hypothèse.
La notion de "à faciès identique" est essentiel dans le cadre de l'extension d'une détermination suite à une ou des analyses mais si au passage, on ne précise pas ce fameux faciès, c'est la porte ouverte à tout et n'importe quoi.
En l’occurrence, le faciès décrit est "...le minéral apparaît en prisme aplatis selon l'axe c, striés le long de l'axe b,..." comme sur cette photo d'une pièce provenant du bloc ayant fourni l'échantillon analysé.
Si l'on prends l'exemple des photos de Laurent (superbes au passage, bravo !!) on constate bien l'aplatissement selon l'axe c (tablettes) mais beaucoup moins la striation caractéristique selon l'axe b.
Du coup, de là à étendre à d'autres blocs de la même localité et ensuite à tous le secteur, je trouve cela très hasardeux mais rien n'empêche chacun de le faire s'il le souhaite.
Ce qui compte avant tout en nomenclature minérale, c'est la traçabilité de la détermination et de pouvoir indiquer à celui qui le demande comment ce nom a été mis sur cet échantillon ou la légende de cette photo.
C'est vraiment un histoire de confiance ente les uns et les autres, à chacun, au fil de sa vie de collectionneur de déterminer qui sont "ses" experts.