Deux applications très simples basées sur des observations que j'ai pu faire récemment :
(tout ressemblance avec une personne existante n'est pas fortuite)
1: Un auteur (et pas des moindres) parle de Patatus poilaupattensis trouvé à Truc, datant du Priabonien.
A cause de la figuration de mauvaise qualité du créteur du taxon il déclare : espèce douteuse à rejetter.
On a un premier FAIT : trouvé à Truc.
Pas vérifiable à moins d'avoir été présent au 19éme siècle lors de la découverte du taxon.
Mais il faut un minimum de confiance et des preuves indirectes, de nombreuses publications décrivant de nombreux taxons trouvés dans la même localité.
A priori Truc est recevable.
On a ensuite un deuxième FAIT : l'âge Priabonien.
L'examen de toutes les publications anciennes et surtout récentes démontre que Patatus poilaupattensis a été trouvé dans un niveau que de nombreux arguments datent du Lutétien.
D'autre part, dans la même localité le Priabonien est représenté par des faciès profonds (marnes à Globigerina) non compatibles avec la faune décrite (faune de mer épicontinentale correspondant à la marge nord de la Thétys).
Donc => importante correction à faire sur ce point.
De plus l'auteur ne donne pas de références ni d'arguments pour son "âge Priabonien".
Puis on a un avis, une opinion, la pire des dérives épistémologiques pour moi.
De plus, cette avis est absolument incohérent et porte en lui une contradiction majeure.
Je m'explique.
Si l'on a un doute c'est que l'on est pas sur et si l'on est pas sur et bien, soit on creuse plus profondément afin de glaner de nouveaux faits pouvant lever l'incertitude, soit on ne trouve rien de nouveau et l'on ne statue pas (par exemple laisser un taxon en nomenclature ouverte).
Mais ici (et c'est cela qui est fallacieux) le doute débouche sur une décision : abandonner le taxon.
Imaginons un chirurgien qui n'est pas sur du pronostic vital d'un de ses patients.
Va t-il décider pour cela de le jetter dans la fosse commune ?
Non bien entendu car c'est idiot. C'est pourtant le cheminement de pensée que l'on trouve chez l'auteur.
Il y a doute devant l'ambiguité de l'iconographie, c'est un FAIT, alors j'ai creusé, creusé et le hasard (qui parfois est un précieux allié en sciences) a fait que l'holotype correspondant aux figures ininterprétables est retrouvé.
Le doute est maintenant levé et je peux conclure avec des arguments morphologiques que Patatus poilaupattensis est en fait autre chose, que cette chose existe bien, qu'elle envoie un signal phylogénique fort et que, évidemment il faut la prendre en compte et ne pas "la rejetter".
Des exemples comme cela dans ma révision j'en ai des dizaines (j'en suis vraiment sur le cul !).
2: Un autre auteur reconstitue les différentes étapes évolutives d'un constituant squelettique particulier.
Il crée 4 étapes principales.
Si l'on analyse son travail et en considérant l'avancement de la connaissance à l'époque du papier on remarque qu'une des 4 étapes est viciée pour de multiples raisons, dont non valable.
Dans le discours de cet auteur (honnête au demeurant car ce n'est pas toujours le cas) on remarque que lorsqu'il parle des 3 étapes valides et univoques il se contente d'écrire "patati patata et gloubi boulga" mais que pour la quatrième (celle qui est fausse) il écrit à plusieurs reprises ""patati patata et gloubi boulga (en principe)".
Ce "(en principe)" montre qu'au fond de lui il n'était pas tout à fait convaincu par ce qu'il écrivait.
On trouve des variantes chez certains auteurs moins honnêtes qui écrivent "obligatoirement", "indubitablement" ou "avec certitude".
Ce sont des coquetteries fallacieuses qui tentent de masquer un mensonge ou une grosse incertitude selon un principe très proche de celui de la dénégation (voir la fameuse histoire du Vase de Soissons).
Si un FAIT "est" (montré-démontré-prouvé), il se suffit à lui même et n'a pas besoin en plus d'être "obligatoire", "indubitable" ou "certain".
J'utilise également ce genre de technique (et c'est même là que j'y trouve l'origine) afin de contribuer à réduire à néant les motivations fallacieuses de l'Administration Fiscale (quand il y en a, évidemment).