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Vente aux enchères de minéraux.
Vente aux enchères de minéraux le 29 novembre à 14h15
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Théophraste

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    https://www.les-mineraux.fr/

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    Ben, ici...
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    La minéralogie :
    - Des Alpes françaises ;
    - Des gisements classiques français ;
    - Du grand Nord de la France et de la Belgique (et notamment les minéraux de plomb et zinc).

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Théophraste's Achievements

  1. IMPORTANTE VENTE AUX ENCHERES DE MINERAUX DE COLLECTION Vendredi 29 novembre 2024 à 14 H 15 Liste, photos, et vente en live sur : https://www.interencheres.com/art-decoration/mineraux-642839 44, rue de Gray, 21000 DIJON Communication du Commissaire-priseur : Plus de 1.500 minéraux soigneusement choisis, à l’unité ou en lots, intéressant toutes catégories de collectionneurs et marchands. Attrayantes gemmes, fluorites, quartz… Espèces classiques, spécimens rares à très rares (qualité, espèce, localité), pièces décoratives, systématique… En particulier, très importante suite de Madagascar, d’Afrique Centrale et du Pérou, de la collection de Joseph K., géologue au BRGM, ayant prospecté de 1950 à 1986. Opportunité d’acquérir des spécimens que l’on ne voit aujourd’hui que très rarement sur le marché ou des lots pour la vente ! Autres pièces issues de cinq autres collections privées de bon niveau. • INFOS : vregille-cortot@dijonencheres.com / 03.80.73.17.64 Me Hugues CORTOT, Commissaire-priseur 44 rue de Gray à Dijon. www.cortotetassocies.fr - Agrément 2002-086
  2. La bourse de Sainte Marie en Alsace, c’est encore ce samedi et dimanche :).
  3. Découvrez les Secrets de la Terre : une exposition unique sur la paragenèse minérale Plongez au cœur d’une aventure extraordinaire à travers le temps et les mystères géologiques avec l’exposition “Paragenesis”. Ce rendez-vous exceptionnel allie beauté et savoir scientifique pour mettre en lumière ce phénomène fascinant qui touche à la formation des minéraux. L’exposition est une opportunité incontournable pour les collectionneurs, les passionnés de géologie, et tous ceux qui sont fascinés par les merveilles de notre planète. Venez vous émerveiller et enrichir votre connaissance des trésors cachés de la Terre. La magie de la paragenèse minérale Un monde de minéraux à explorer Les collectionneurs avertis reconnaissent que la distribution des minéraux varie significativement selon les régions, avec certaines associations d’espèces minérales étant uniques à des localités spécifiques. Des gisements éloignés comme la mine de tungstène de Panasqueira au Portugal et la mine d’étain de Yao Gan Xiang en Chine partagent d’étonnantes similitudes, dévoilant les mystères de la distribution des minéraux et les liens surprenants entre des gisements. Les roches hôtes et leur influence Offrez-vous une initiation à la géologie en découvrant comment les roches hôtes, qu’elles soient sédimentaires, magmatiques, volcaniques ou métamorphiques, jouent un rôle crucial dans la création de minéraux et d’associations minérales uniques.
  4. Sainte Marie aux Mines, c’est aussi la paléontologie et les fossiles 🙂
  5. La bourse minéraux et fossiles de Sainte Marie aux Mines 2024.
  6. Très belle bourse encore tout ce dimanche à Beauvais :)
  7. Rendez vous les 30 et 31 mars 2024 pour la 17ème édition de la bourse aux minéraux de Beauvais ! C'est ce week-end 🙂
  8. Faut aussi arrêter d'être con, non ? Ca vient pas du forum, du tout.
  9. Rendez vous les 30 et 31 mars 2024 pour la 17ème édition de la bourse aux minéraux de Beauvais ! C'est le week-end prochain
  10. La bourse aux minéraux, gemmes, météorites et fossiles de Sainte Marie aux Mines aura lieu du 26 au 30 juin 2024, c'est le 59ème Mineral & Gem. Leader en Europe et numéro 2 mondial, Mineral & Gem est l’un des plus importants rassemblements au monde des secteurs directs ou connexes liés au minéral. Entre Hong Kong et Tucson, dans un petit village gaulois de l’Est de la France, Mineral & Gem ne peut, en tout état de cause, être commun !
  11. Opale vous attend pour leur 17 ème bourse aux minéraux et fossiles sur le thème des Minéraux des Alpes française et les fossiles du pléistocène les 30 et 31 mars de 10 heure à 18 heure. Venez nombreux!
  12. L'avis d'un paléontologue : En tant que paléontologue professionnel (CNRS) connaissant bien les côtes normandes et leurs sites fossilifères, je commenterai uniquement la partie du projet de réserve portant sur la collecte des fossiles, et en particulier le passage suivant, qui résume à lui seul les aspects négatifs du projet : Une seule activité sur l’estran sera interdite. Il s’agit de l’extraction et du ramassage de fossiles et de minéraux. Des dérogations pourront être appliquées aux opérations à visée scientifique et pédagogique conduites sous la responsabilité du gestionnaire soit dans le cadre du plan de gestion, soit dans le cadre de conventions avec des structures partenaires validées par le comité consultatif. Ce point appelle diverses remarques : 1) Comment peut-on espérer préserver en favorisant la destruction ? La problème posé par cette proposition est évident : les fossiles dégagés des roches des falaises par l’érosion naturelle (pluie, circulations d’eau, vagues, marées) sont voués à une destruction inévitable, à assez court terme, s’ils ne sont pas ramassés. Interdire le ramassage revient donc à favoriser la destruction d’un patrimoine naturel et scientifique inestimable. Il existe donc une contradiction fondamentale entre l’objectif louable de protection de ce patrimoine et le projet d’interdiction de collecte. Les éventuelles dérogations ne permettraient en rien de résoudre le problème (voir plus bas). 2) La collecte des fossiles dans le contexte de falaises en cours d’érosion pose des problèmes particuliers Il est clair qu’il n’est généralement pas souhaitable d’extraire les fossiles des falaises elles-mêmes, et d’ailleurs cette pratique est déjà interdite. La collecte de fossiles détachés par l’érosion est en revanche le seul moyen d’empêcher leur destruction. Compte tenu de la quantité de fossiles ainsi détachés et de l’ampleur des sites concernés, cette collecte ne peut absolument pas se faire uniquement à la faveur de « dérogations » (accordées suivant quels principes, à qui ?). Il est difficile aussi d’imaginer que puisse être recruté un nombre suffisant de paléontologues compétents pour assurer le « sauvetage » de tous les fossiles quotidiennement mis au jour par l’érosion sur l’étendue considérable des falaises incluses dans le projet de réserve – c’est tout simplement impossible. La seule façon de permettre un sauvetage efficace des fossiles en danger de destruction est de permettre la collecte au plus grand nombre possible de collecteurs. Cela implique qu’elle ne peut être réservée aux seuls paléontologues professionnels, beaucoup trop peu nombreux pour réaliser des collectes efficaces. Le rôle des amateurs est prépondérant à cet égard. L’emploi du terme « pillage » dans le texte de présentation est d’ailleurs malencontreux. Il peut exister des cas de pillage, mais ils ne sont pas fréquents (et s’ils existent il faudrait les documenter sérieusement). Il est évident pour quiconque possède quelques notions de géologie que les différents sites naturels méritant une protection posent des problèmes différents en fonction de la géologie, du climat, de l’environnement général. Par exemple, vouloir appliquer exactement les mêmes règles à des formations géologiques continentales à l’intérieur des terres sous un climat méditerranéen et à des formations marines en bordure de mer sous un climat océanique est absurde. Le système de dérogation envisageable (éventuellement – il y aurait fort à dire sur ce point !) pour des gisements de vertébrés fossiles en Provence ne peut simplement pas s’appliquer à la récolte de fossiles au pied des falaises du Calvados, où il est pratiquement impossible de planifier des récoltes, car la mise au jour des fossiles par l’érosion est aléatoire. 3) Importance des collections d’amateurs pour la recherche paléontologique et les musées Il est important de souligner l’importance des récoltes des amateurs pour la recherche paléontologique. J’ai eu l’occasion depuis une quarantaine d’années de décrire, dans diverses publications, un nombre assez importants de restes de vertébrés fossiles (ichthyosaures, crocodiles, dinosaures, ptérosaures) provenant du Jurassique et du Crétacé des falaises de Normandie (Calvados et Seine-Maritime). Tous, sans exception, avaient été découverts par des amateurs, et ils sont aujourd’hui dans des collections publiques. Mon cas n’est évidemment pas isolé. Des études récentes, notamment celles de Lucie Plançon lors d’un stage au Paléospace, sur les pratiques des amateurs montrent qu’en général les collections privées finissent par parvenir dans des musées ou autres collections publiques. Les collections de fossiles provenant des falaises du Calvados qui sont présentes dans de nombreux musées, en France et ailleurs, étaient, pour leur grande majorité, à l’origine des collections privées réalisées par des amateurs, et à l’heure actuelle c’est par l’acquisition (via dons ou achats) de collections privées que les musées augmentent leurs collections. Pour ne citer que des exemples normands, c’est le cas notamment des musées de Villers, du Havre, d’Elbeuf... Il est donc évident qu’une interdiction faite aux amateurs de récolter des fossiles aurait des conséquences désastreuses tant pour la recherche paléontologique que pour l’enrichissement des collections des musées. Souhaite-t-on que la collecte des fossiles devienne une activité punie par la loi, et qu’un marché noir se développe à partir de récoltes devenues illégales ? 4) Le projet d’interdiction de collecte est-il anti-scientifique et anti-musées ? On peut donc s’interroger sur les motivations du projet d’interdiction, dont la justification n'apparaît pas dans le document. Au-delà du plaisir assez pervers d’interdire, elles paraissent pour le moins obscures, notamment quand on considère que toutes les autres activités traditionnelles sur l'estran resteront autorisées. Les conséquences inévitables de ce projet seraient contraires au progrès de la science paléontologique et au développement des musées. Est-ce délibéré ? On peut se poser la question. Suivant des informations fiables, une personne défendant l’interdiction de collecte serait allée jusqu’à traiter les musées possédant des collections paléontologiques de « receleurs ». Si le fait est avéré, il est extrêmement grave car il témoigne d’un obscurantisme anti-scientifique inquiétant. Les collections des musées sont indispensables à la recherche paléontologique tout autant qu'à l'éducation du public. Y aurait-il donc derrière le projet d’interdiction de collecte des fossiles des intentions anti-scientifiques motivées par une conception dévoyée de la protection du patrimoine ? 5) Les aspects éducatifs sont-ils pris en compte ? De nombreux contributeurs au débat soulignent l’aspect éducatif de la recherche des fossiles. La découverte de l’histoire de la Terre et des êtres vivants passe souvent, notamment chez les enfants, par la collecte de fossiles. L’interdiction est donc vue comme un obstacle à la découverte de la nature, et les « dérogations » à but éducatif mentionnées dans le projet n’y changeront rien, avec leur côté bureaucratique à l’opposé d’une certaine liberté de se cultiver par soi-même. On s’attaque là à un passe-temps instructif qui, répétons-le, a pour conséquence la préservation d’un patrimoine, non sa destruction. A une époque où il est souvent question de science participative, interdire au plus grand nombre (à tout le monde, en fait) l’accès à un aspect facilement accessible de la culture scientifique est pour le moins paradoxal. Un des rôles de la réserve devrait être d'aider les collectionneurs à identifier et mettre en valeur les fossiles qu'ils récoltent, et de les inciter à se rapprocher des musées pour assurer la pérennité de leurs collections, et certainement pas de mettre en œuvre une politique d'interdiction aveugle. 6. La collecte des fossiles en tant que tradition culturelle locale On peut aussi faire remarquer que cet aspect « grand public » de la collecte des fossiles est bien établi au long des côtes normandes depuis deux siècles au moins. Ces deux siècles de récolte de fossiles n’ont évidemment pas conduit à la destruction du patrimoine paléontologique, ils l’ont préservé, comme en témoignent les collections des musées. Il est très discutable de parler (comme cela est le cas dans le document) d’une « pression » sur ce patrimoine, d’abord parce qu’il n’y a à ce sujet aucune étude quantitative (comme le reconnaît le document), et aussi parce que la pression n’était certainement pas moins forte autrefois. On peut même faire remarquer que les marchands de fossiles des stations balnéaires de la côte normande, mentionnés dans de nombreux guides touristiques au XIXe siècle, n’existent plus, ce qui suggère que la « pression » (en tout cas mercantile) a diminué plutôt qu’augmenté. La collecte des fossiles sur la côte normande a ses lettres de noblesse, via notamment la littérature. Et il est ironique d’imaginer George Sand, de nos jours, finissant entre deux gendarmes pour avoir ramassé une ammonite au pied des Vaches Noires... 6) Y a-t-il eu concertation préalable ? On peut remarquer que l’interdiction de collecte des fossiles, telle qu’elle est présentée, dans le projet, ne fait l’objet d’aucune justification sérieuse et étayée. On interdit pour le plaisir d’interdire, semble-t-il. Cela mène à s’interroger sur la façon dont le projet a été conçu. Il ne semble pas que l’avis de paléontologues compétents ayant une connaissance réelle des fossiles de la région concernée ait été sollicité. Il est certes fait mention du Paléospace, mais selon mes informations de première main, ce musée a seulement été averti du projet, sans aucune discussion réelle avec ses responsables. Il faut noter aussi qu’apparemment aucune association compétente dans le domaine de la paléontologie n’a été consultée. L’Association Paléontologique Française (qui regroupe une bonne partie des paléontologues professionnels français ainsi que nombre d’amateurs compétents) n’a pas été appelée à émettre un avis lors de la conception du projet. Tout comme la Société géologique de France, l'Association Paléontologique Française s'est récemment prononcée contre l'interdiction du ramassage. Le manque total de clarté au sujet d’éventuelles consultations de personnes ou d’associations compétentes conduit à s’interroger sur les inspirateurs réels du projet. Une certaine association de protection du patrimoine géologique, qui ne représente qu’elle-même et ne semble pas spécialement compétente en paléontologie, est souvent évoquée, à tort ou à raison, pour lui prêter des intentions peu louables de mainmise sur les sites fossilifères. L’obscurité à ce sujet nourrit toutes les rumeurs. On peut d’ailleurs à bon droit s’interroger sur les « structures partenaires validées par le comité consultatif » mentionnées dans le document. Comment seraient-elles choisies, sur quels critères ? On voit déjà s'agiter certains petits groupes soucieux apparemment de monopoliser les « dérogations » au détriment de structures plus compétentes, notamment les musées. Toutes les dérives paraissent possibles. Organiser un réel débat entre spécialistes compétents (que l’on peut trouver également parmi les amateurs, pas uniquement dans les laboratoires de recherche et les musées !) avant de prendre des décisions drastiques serait plus que souhaitable ! 6) Retombées économiques Il semble que les porteurs du projet d’interdiction de collecte des fossiles n’aient pas mesuré l’ampleur de ses conséquences économiques probables. Le nombre de personnes qui viennent en vacances sur la côte normande pour le plaisir d’y récolter des fossiles est loin d’être négligeable. Il est évident qu’il n’y viendront plus si la collecte est interdite (certains l’ont affirmé clairement sur les réseaux sociaux). L’attractivité des musées locaux ne peut aussi que diminuer, faute de nouveaux spécimens à présenter au public. Il est donc permis de s’inquiéter des conséquences pour le tourisme local. Il semble que certains élus locaux soient conscients du problème, et il est souhaitable qu’ils s’expriment à ce sujet. 7) Est-il interdit de s’inspirer de ce qui réussit ailleurs ? Un des points étonnants du projet d’interdiction est qu’il semble ignorer volontairement les mesures de protection et valorisation du patrimoine géologique et paléontologique qui ont été mises en œuvre avec succès ailleurs, dans des conditions environnementales proches de celles de la côte du Calvados. On pense évidemment à ce qui a été réalisé sur la côte du Dorset, dans le Sud de l’Angleterre, où des couches mésozoïques très fossilifères sont connues depuis longtemps, dans un contexte géologique et géographique proche de celui du Calvados. Une réelle concertation entre tous les acteurs intéressés (amateurs, professionnels, musées, défenseurs de l’environnement) a permis d’aboutir à un code qui satisfait apparemment tout le monde. Cette portion de côte (Jurassic Coast) a d’ailleurs été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO (ce qui a peu de chance d’arriver à la côte du Calvados si le projet d’interdiction de collecte, qui semble faire surtout des mécontents et se signale par son caractère arbitraire et autoritaire et son mépris pour le public, est mis en oeuvre). Il paraît pour le moins surprenant qu’on n’ait pas songé un seul instant à s’inspirer de ce modèle anglais participatif, qui fonctionne bien et n’est pas spécialement difficile à mettre en œuvre. L’argument que l’on a pu entendre, du style « ici on est en France », relève évidemment du chauvinisme et de la xénophobie...Peut-on espérer un sursaut qui conduirait à s’inspirer de ce qui fonctionne bien à l’étranger ? Pour plus de détails sur le code en vigueur dans le Dorset : https://jurassiccoast.org/wp-content/uploads/2015/10/West-Dorset-Fossil-Collecting-Code-of-Conduct.pdf 7) Conclusions On peut s’étonner de ce qu’un projet visant à la protection d’un patrimoine naturel que chacun s’accorde à reconnaître exceptionnel suscite autant de rejet. Ce rejet tient principalement à un seul point du projet, l’interdiction totale de la collecte des fossiles. Je pense avoir montré à l’aide des arguments développés plus haut ce que cette interdiction, en plus de son caractère liberticide, serait absurde, contre-productive, anti-scientifique, anti-éducative et anti-culturelle. Il est plus que temps qu’une concertation réelle, avec des partenaires représentatifs et compétents, ait lieu, afin de parvenir à un code de conduite comparable à ce qui pu être mis en œuvre avec succès ailleurs dans le monde. Eric BUFFETAUT Docteur ès-sciences Directeur de recherche émérite au CNRS (Laboratoire de Géologie de l’Ecole Normale Supérieure, Paris) Ancien président de l’Association Paléontologique Française Membre des comités scientifiques du Paléospace et du Muséum du Havre
  13. Directrice de Recherche au CNRS, paléontologue spécialiste de reptiles marins de l'Ere Secondaire, je connais la côte normande et plus spécialement le site mondialement connu des Vaches-Noires depuis 1991. Permettez-moi - avec l’exemple concret de ce gisement phare - d’évoquer une situation qui s’applique en fait à l’ensemble des sites côtiers qui seront inclus dans le périmètre du projet de Réserve Nationale Naturelle des falaises du Calvados. En 1991, alors en thèse de 3ème cycle à l'Université Pierre et Marie Curie (Paris 6), j'ai été employée quatre étés de suite comme guide pour faire visiter la falaise des Vaches-Noires et expliquer, tant sa formation que son contenu fossilifère aux touristes. Cette nouvelle activité était une initiative mise en œuvre conjointement par l'APVSM et la Mairie de Villers-sur-Mer. Je fus d'ailleurs la première à "essuyer les plâtres" en effectuant la toute première visite, en présence de Mme la Députée Nicole Ameline et du Maire de Villers-sur-Mer de l’époque ! Ce fut un grand succès ! Depuis cette lointaine époque en effet, l’engouement pour les activités paléontologiques à Villers-sur-Mer (mais également dans toute la région) n’a jamais faibli. Il suffit de regarder les nombreuses activités proposées annuellement, qu’il s’agisse des visites des Vaches-Noires, des activités variées proposées tant par le Paléospace que par l’APVSM et qui incluent l’invitation de conférenciers, l’organisation de congrès, etc., pour s’en convaincre. Mais cette activité paléontologique dans la région est en fait beaucoup plus ancienne. Les Vaches-Noires sont en effet un site paléontologique de référence, reconnu dans le monde entier pour sa richesse, tant en restes d'invertébrés et de vertébrés fossiles d'âge Jurassique moyen-supérieur (autour de 150 millions d'années). Connu depuis la fin du 18eme siècle, le site a connu son "Âge d’or" au 19ème siècle, avec la naissance du tourisme balnéaire. Et au 20ème siècle, l'intérêt de la paléontologie locale n'a pas faibli grâce à l'action de nombreux paléontologues amateurs, réunis dans l'APVSM sous l'impulsion dynamique de Mr. et Mme Charles et de leurs successeurs, ainsi que des nombreux scientifiques, tant de la région normande que d'ailleurs, qui ont assuré la publication des découvertes paléontologiques et de la géologie locale. Une des caractéristiques majeures de ce site (et de tous ceux inclus dans le périmètre du projet de RNN situés sur la côte du Calvados) est que la majeure partie des fossiles a été découverte par des paléontologues amateurs, voire de simples promeneurs, la plupart du temps de manière fortuite ! Pourquoi cette situation ? Tout simplement car ces sites sont soumis à l’action des marées et qu’on ne peut donc de facto (ou CQFD, comme vous voulez) pas y faire de fouilles mais seulement des récoltes rapides à marée basse. Depuis cette lointaine époque également, je suis devenue une habituée de Villers-sur-Mer et de sa falaise des Vaches-Noires, tant d'un point de vue personnel (j'y passe souvent quelques jours de vacances l'été) que professionnel : 1) je fais partie du comité scientifique du Paléospace depuis sa création et collabore régulièrement avec ses membres ; 2) j'ai été invitée plusieurs fois par l'APVSM à faire une de leurs conférences estivales et à les accompagner lors de sorties aux Vaches-Noires ; 3) j’ai tissé des liens amicaux et collabore régulièrement avec plusieurs paléontologues amateurs de la région, tant pour l'expertise de certaines de leurs découvertes que pour la publication d'autres (voir bibliographie ci-dessous). La création d’une Réserve naturelle est toujours intéressante afin de préserver faune, flore et paysages locaux de l’action destructrice de l’homme. Mais dans le cas présent, la clause stipulant "l’interdiction de ramassage des fossiles et minéraux détachés sur le domaine public maritime (sauf dérogations préfectorales)" contredit totalement la philosophie de "conservation de l’intégrité du patrimoine géologique" de toute Réserve naturelle. Cette clause, dénuée de bon sens au vu de la situation bien particulière que constitue ces falaises en front de mer énoncée ci-dessus, est au contraire en contradiction avec ce principe de base et s’avèrera totalement contreproductif : en empêchant la récolte libre, spontanée et ouverte à tous des fossiles se trouvant sur la plage, ces derniers seront, soit détruits par les marées et l’érosion côtière (si on les laisse sur place et qu’on attend les dérogations…), soit non signalés aux autorités et scientifiques concernés (si on les ramasse mais qu’on n’a pas envie d’être accusé de recel et autre activité illégale…). Cela peut même amener à la création d’un trafic de fossiles local qui n’existe pas actuellement. En clair, ni les scientifiques concernés, ni les institutions de conservation et de valorisation du patrimoine tel que le Paléospace (mais aussi l'Université de Caen, les musées du Havre et de Rouen, etc.), ne verront plus aucun fossile issu de cette côte du Calvados. Comme "philosophie de conservation", on peut rêver mieux… Comme beaucoup de paléontologues professionnels et amateurs, ma passion pour cette discipline scientifique m’est venue enfant, par la découverte et la récolte de coquillages fossiles. Ce sont eux qui m’ont faite rêver et ouvert les portes de ces "mondes révolus" si chers à Georges Cuvier. Ce sont eux qui depuis l’âge de 7-8 ans m’ont fait "tenir le cap" pour que cette passion d’enfant devienne mon métier. Me suis-je mise hors la loi en récoltant enfant ces quelques coquilles ? Serai-je devenue paléontologue si je n’avais pas eu cette double possibilité de les trouver et de rêver dessus ? Je m’oppose donc fermement à la clause paléontologique de ce projet en demandant que : 1) L'interdiction du ramassage des fossiles détachés sur la plage soit remplacée par une clause plus adaptée et intelligente autorisant une récolte raisonnée des spécimens présents sur la plage, ouverte à tous, en toute circonstance ; 2) Les autorités compétentes en la matière (paléontologues professionnels et amateurs, associations, institutions locales de conservation, de formation et de divulgation des savoirs, etc.) soient consultées. Cela n’a pas été fait en amont du projet… Comment pourrait-on ainsi prendre ce projet au sérieux – au moins pour son volet paléontologique - si les principales autorités compétentes et aptes à donner un avis éclairé sur le sujet n’ont pas été consultées ? Rappelons finalement que la découverte, l’étude, la protection et la valorisation du patrimoine paléontologique (ou autre) passe par l’éducation et la sensibilisation à la valeur de ce patrimoine, non à l’interdiction d’y avoir accès… Paléontologiquement votre, Nathalie BARDET - Directrice de Recherche au CNRS Centre de recherche en Paléontologie – Paris, Muséum National d’Histoire Naturelle. Bibliographie personnelle sur le sujet : BARDET N., PENNETIER E., PENNETIER G., CHARLES A. & CHARLES J. (1993). Des os énigmatiques à section triangulaire dans le Jurassique moyen (Callovien) de Normandie. Bulletin Trimestriel de la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre, 80 (3-4) : 7-10. BARDET N., PENNETIER G., PENNETIER E. & QUEROMAIN J. (1993). Présence du pliosaure Liopleurodon ferox SAUVAGE dans le Callovien de Villers-sur-Mer (Normandie). Bulletin Trimestriel de la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre 80 (3-4) : 11-14. BARDET N. (1993). Pliosaurs and plesiosaurs from the Middle Jurassic (Callovian) of Normandy. Revue de Paléobiologie, Genève, 7: 1-7. BARDET N. (1996). Les plésiosaures du Callovien de Normandie. L'Echo des Falaises, Villers-sur-Mer, 2, 11-20. VINCENT P., BARDET N., MATTIOLI E. & SUAN G. (2013). Un nouveau plésiosaure en Normandie (Calvados, France). L’Echo des Falaises, Villers-sur-Mer, 17 : 17-24. BARDET N. (2014). Les ichthyosaures et les plésiosaures du Jurassique et du Crétacé des falaises des Vaches-Noires (Normandie, France). Fossiles, H.S. nº 4 : 98-104. BARDET N. & BUFFETAUT E. (2018). Quand la Normandie était sous la mer. Les falaises jurassiques et crétacées des Vaches Noires. Espèces H.S. « Sites paléontologiques de France », 28 : 24- 31. BARDET N. (2020). Les reptiles marins du Jurassique de Normandie des collections de Caen et du Havre détruites pendant la Seconde Guerre mondiale à la lumière des publications anciennes : que nous disaient-elles ? Actes du premier colloque de l’APVSM, « Paléontologie et Archéologie en Normandie », 5-6 octobre 2019. Bulletin de l’Association Paléontologique de Villers-sur-Mer, 1 : 41-48.
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