Aller au contenu
Géoforum est un forum de géologie, minéralogie, paléontologie, volcanologie et, plus généralement, un site dédié aux Sciences de la Terre et au patrimoine géologique. Les discussions s'organisent dans des espaces spécifiques, il existe un forum géologie, un forum minéraux, un forum fossiles, un forum volcans, etc. Une galerie de photos de minéraux ou de roches, de photos de fossiles, ou encore de sites géologiques ou de volcans permet de partager des albums. Il est possible de publier des offres d'emploi de géologue, ou des demandes d'emploi ou stage de géologues. Venez poser vos questions, partager vos connaissances, vivre votre passion !

Quelques-uns des principaux sujets de Géoforum

Vente et achat de minéraux français et cristaux du monde sur Internet.
▲  Vente et achat de minéraux français et cristaux du monde sur Internet  ▲

Messages recommandés

Invité redsun
Posté(e)

Adieu,

Caran d'Ache et l'histoire de la pierre noire

Incarnant la sensibilité artistique associée à la plus haute qualité dans les domaines du dessin, de la peinture et de l'écriture, Caran d'Ache porte en son nom la matière première du trait.

Quand en 1924 Arnold Schweitzer rachète la fabrique genevoise de crayons Ecridor, il crée une nouvelle société : la Fabrique Suisse de Crayons Caran d'Ache.

Caran d'Ache, parce que dans la Russie natale du dessinateur, considéré parfois comme le père de la bande dessinée, “karandash” signifie crayon.

Arnold Schweitzer et Emmanuel Poiré en connaissaient-ils son étymologie précise ? Nul ne le sait !

Mais tous deux seraient comblés d'apprendre qu'à l'origine, la racine turque “kara tash” désigne la pierre noire ! Ce pigment naturel qui marque, trace les lignes et fait naître l'écriture.

Ce graphite si utile à l'artiste et si précieux pour les crayons Caran d'Ache.

Caran d'Ache né à Moscou en 1858 (son vrai nom est Emmanuel Poiré)

Son grand-père a servi sous Napoléon pendant la campagne de Russie en 1812. Blessé et soigné sur place il s'y installera définitivement.

En 1877, Emmanuel Poiré arrive en France pour y réclamer sa nationalité et effectuer son service militaire.

En 1880, il fournit ses premiers dessins dans " La Chronique Parisienne ".

En 1881, il publie pour la première fois sous le pseudonyme de Caran d'Ache (" Karandach " signifie " bout de crayon " en russe).

Il se fait apprécier par des caricatures militaires et pour la représentation de ses chevaux.

En 1886, Caran d'Ache acquiert une réputation considérable en présentant au célèbre Cabaret montmartrois du "Chat Noir" un spectacle d'ombres chinoises : " L'épopée " qui relate les campagnes napoléoniennes de la Grande Armée.

Caran d'Ache a conçu et dessiné chaque personnage, chaque scène.

D'après ses dessins les silhouettes ont été découpées dans des plaques de zinc (les plaques sont conservées en partie au Musée de l'Armée à Paris).

En 1892, Caran d'Ache publie " Carnet de chèques " inspiré par un scandale d'Etat : " L'affaire du Canal de Panama ". L'album raille l'affairisme des milieux bourgeois et politiques.

En 1895, Caran d'Ache participe à la revue " Le Rire ".

Il illustre entièrement 3 numéros spéciaux.

- Le premier sur la tactique militaire.

- Le second sur la guerre des Boers en Afrique du Sud

- Le troisième en 1902 sur le voyage du Président LOUBET en Russie.

Il débute également sa collaboration au quotidien " Le Figaro ". Il publie dans ce journal tous les lundis, pendant une dizaine d'années, un dessin inspiré de l'actualité.

Ces pages seront reprises en albums sous le titre " Les lundis de Caran d'Ache ".

En janvier 1898, Emile Zola publie son célèbre

" J'accuse " pour dénoncer le procès et la

condamnation du Capitaine Dreyfus.

Caran d'Ache avec la collaboration de Forain fonde en février le journal " Psst… ! " . Ce journal, qui comptera 85 numéros entièrement composés de dessins de Forain et Caran d'Ache, fait preuve d'un antisémitisme virulent et s'accompagne d'une défense farouche de l'honneur militaire.

En 1902, " L'Assiette au Beurre ", journal qui véhicule une idéologie d'extrême gauche voire anarchiste et dont un des thèmes dominant est l'antimilitarisme rend hommage au talent d'artistes de Caran d'Ache, en lui offrant de publier un numéro spécial intitulé :

" Ferblanterie ", qui raille la course aux médailles et décorations (Caran d'Ache était particulièrement amer de ne pas être décoré de la Légion d'Honneur !)

Caran d'Ache meurt en 1909 à 50 ans. Ses dessins et son atelier sont dispersés en vente publique à l'Hôtel Drouot.

CARAN D'ACHE présente " Napoléon " au cabaret du Chat Noir à Montmartre.

Principe et histoire du théâtre d'ombre :

Le principe consiste à faire défiler des images découpées, derrière une toile tendue, en les éclairant par-derrière avec une lampe.

Déjà les Egyptiens pratiquaient le théâtre d'ombre, puis les Turcs qui découpent les figures dans de la peau de chameau.

L'Europe s'en empare, et après l'Allemagne et l'Italie, les voici en France vers 1770.

Des figurines découpées, noires ou blanches, défilent derrière des fonds noirs ou blancs.

Au milieu du 18ème siècle, Monsieur Silhouette invente

les portraits de profil, très appréciés du public de l'époque.

Toujours en 1770, le premier théâtre d'ombres est installé à Versailles par Dominique Séraphin, qui présente le célèbre "Pont Cassé".

Puis le théâtre se déplace successivement des Galeries du Palais Royal en 1784 au boulevard des Italiens en 1852.

Les thèmes très variés comprenaient des chansons, des fables (Lafontaine), et des comtes (Perrault).

Quand au support, il devait s'agir de silhouettes en carton éclairées par des bougies.

En 1870, c'est la fermeture provisoire du théâtre.

Grâce à différents passionnés du genre, la technique

va évoluer et les représentations se multiplier,

jusqu'en 1885 ou Rodolphe Salis, propriétaire du cabaret "Le Chat Noir" décide de reprendre les spectacles d'ombromanie avec Henri Rivière, peintre

et lithographe.

La technique évolue encore, et maintenant on utilise des lanternes dont le mélange hydrogène et oxygène forme un halo rond et très lumineux ...

puis des lanternes à lumière à arc.

Les silhouettes, d'abord en carton, sont réalisées en zinc (1888). On les déplace du plus près au plus loin de l'écran pour obtenir des effets et des valeurs. On ajoute un orchestre et une chorale.

Et Salis excelle dans le "boniment", qui relate et explique les scènes au public en le rendant complice.

Le théâtre d'ombre confinera à la perfection, notamment dans l'enceinte au cabaret du Chat Noir, grâce à des techniques semblables à celles des vitraux qui introduiront la couleur et produiront même des effets de dégradés (Le Sphinx ou Clair de lune).

C'est en 1886 avec "L'Epopée de Caran d'Ache" que le théâtre d'ombres parvient à son apogée. La première a lieu le 27 décembre 1886. Les silhouettes sont d'abord en carton, puis découpées dans du zinc, matière plus résistante aux nombreuses manipulations. La pièce comporte plusieurs versions, à trente, à quarante ou cinquante tableaux. Avec alternance de scènes grandiloquentes ou burlesques.

Le talent de Caran d'Ache réside dans sa prodigieuse faculté de créer l'illusion des foules en mouvement et dans sa maîtrise de la perspective.

" L'Epopée ", sortira de l'enceinte du Chat Noir pour se déplacer en France et aussi à Bruxelles, avec toujours le même succès.

Caran d'Ache produira d'autres pièces (Le retour du Bois, Wattignies), mais c'est l'Epopée qui fera son succès et dire au critique Jules Lemaître qu'elle est,

par "son poème silencieux aux ombres glissantes, la seule épopée que nous ayons dans notre littérature".

Le contexte historique de l'Epopée de Caran d'Ache :

A cette époque, le bonapartisme est encore vivace et la République encore fragile. Après la défaite de 1870, on rêve toujours de revanche avec l'Allemagne. C'est aussi les querelles de succession des héritiers de l'Empire à laquelle prétendent le prince Jérôme et son fils le prince Victor. C'est encore la fameuse épopée du Général Boulanger, " sauveur de la République ". Jules Richard fait paraître son livre intitulé " Le bonapartisme sous la République ".

Mais ce qui assurera le succès de l'Epopée de Caran d'Ache, c'est le souvenir tenace des aventures et des souffrances de la Grande Armée, qui seront relatées dans de nombreux ouvrages publiés dès 1815, et notamment en 1883 dans les célèbres " Cahiers du capitaine Coignet ".

De plus l'histoire des uniformes militaires passionne le grand public, comme en témoigne notamment les

" petits soldats d'Alsace " de Wurtz ; des milliers de figurines en tenues militaires, peintes puis collées sur du papier fort, avant d'être vernies et maintenues droite par un petit plot de bois.

Avec le théâtre d'ombres, parvenu à son apogée, Caran d'Ache arrive à point nommé pour donner sa pièce de l'Epopée, qui en quelque sorte est un résumé de tous les thèmes en vogue et de toutes les techniques en pleine évolution, à cette époque.

On peut encore supposer que le souvenir de son grand-père et de son enfance à Moscou, auront contribué à insuffler à Caran d'Ache l'énergie nécessaire pour mener à bien son œuvre.

Un Stabilo est un marqueur de couleur généralement fluorescente permettant de surligner des passages écrits ou de marquer certaines zones pour attirer l'attention. C'est une marque déposée par la société Schwan-Stabilo Schwanhäusser GmbH and Co. Ce mot doit, à ce titre, s'écrire avec une capitale initiale.

Le terme est souvent utilisé comme nom commun pour parler de surligneur.

Schwan-Stabilo Schwanhäusser GmbH and Co est une entreprise allemande spécialisée dans la production et la commercialisation de matériel d’écriture. L’entreprise fondée à l’origine en 1855 par Georg Conrad Großberger et Hermann Christian Kurz se consacre aujourd’hui à trois domaines d’activités principales, que sont l’écriture, le surlignage et le coloriage.

Spécialisée dans le matériel de bureau et dans les crayons cosmétiques à partir des années 1930, Schwan-Stabilo lance un feutre surligneur fluorescent en 1971.

Caran d'Ache contre stabylo.

Invité SPATHFLUO
Posté(e)

Merci David pour cet exposé très complet. Je dois dire que j'ai toujours eu un faible pour le premier... Et il est synonyme d'enfance, aussi...

post-5300-1231810713_thumb.jpg

Posté(e)

C'est une veritable fete des sens , un onguent pour le cerveau que de lire cette divine prose pour entamer la journée. Exposé captivant et bien documenté.

Un ami du Collège de France vient d'y jeter un oeil et note toutefois , qu'il y manque un fait majeur : le conflit . Ces 2 familles potentats se livrerent une bataille memorable pour prendre le controle de l'activité de la Famille Mallat : la gomme ... Tant dans sa declinaison encre que cryon. L'affaire defraya longtemps la chronique avec l'issue tragique que l'on connait ... mais tu es le specialiste , je te laisse developper.

Rejoindre le sujet et participer

Pour poster un message, il faut créer un compte membre. Si vous avez un compte membre, connectez-vous maintenant pour publier dans ce sujet.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Restaurer la mise en forme

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

×
×
  • Créer...